Toujours du flou dans les effectifs de l’État islamique en Syrie et en Irak

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En avril, le général américain Peter Gersten affirmait que le flux de combattants étrangers qui rejoignaient les rangs de l’État islamique (EI ou Daesh) en Syrie et en Irak était en train de se tarir.

« Nos estimations sont tombées à environ 200 » par mois « et nous voyons davantage de désertions parmi ces combattants », avait-il dit, après avoir rappelé que, un an plus tôt, l’EI recrutait, tous les mois, entre 1.500 et 2.000 jihadistes.

Le 16 juin, lors d’une audition devant le comité du renseignement du Sénat américain, John Brennan, le directeur de la CIA, avait affirmé que le nombre de combattants de l’EI était compris entre 18.000 et 22.000. Cependant, la centrale de Langley a toujours eu tendance à sous-estimer les effectifs de l’organisation jihadiste.

La dernière évaluation en date vient de Jean-Paul Laborde, mardi le directeur du Comité contre le terrorisme des Nations unies. Et les chiffres qu’il a donnés, ce 5 juillet, sont largement supérieurs aux évaluations du renseignement américain.

Ainsi, selon M. Laborde, « les combattants terroristes étrangers, sont très nombreux » en Irak et en Syrie, où ils ont « à peu près 30.000 », ce qui correspond à l’évaluation faite par le Soufan Group. Et, a-t-il ajouté, lors d’une conférence de presse donnée à Genève, « maintenant que l’espace vital de Daesh se réduit en Irak, on les voit revenir vers nous, pas seulement en Europe, mais dans leurs pays d’origine comme la Tunisie et le Maroc. »

Aussi, a prévenu M. Laborde, « les attaques terroristes dans les pays d’origine risquent d’être de plus en plus fortes pour contrebalancer la pression qui se fait sur eux. »

En outre, le magistrat français a souligné la « capacité d’adaptation » dont fait preuve l’EI. Alors qu’elle a vu ses revenus pétroliers diminuer, l’organisation jihadiste a su trouver d’autres ressources en s’engageant « de manière beaucoup plus importante dans le crime organisé ». Environ 25 à 30% de ces recettes proviendraient ainsi de trafics (drogue, êtres humains, armes). Elle va recourir à « tout ce qui peut être utilisé », a-t-il dit.

Le problème est que « l’adaptabilité et la flexibilité des organisations terroristes est beaucoup plus rapide que la nôtre », a relevé M. Laborde. Pour y remédier, il faudrait, selon lui, impliquer davantage les partenaires privés (et notamment les géant du Web) pour mieux surveiller les activités jihadistes sur internet et accélérer le partage de renseignements entre États. « Si l’on ne fait pas cela, on va continuer à voir les actes terroristes croître », a-t-il dit.

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