Que proposent « Les Républicains » pour la défense?

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Le 2 juillet, le Conseil national des Républicains a adopté le projet politique que le parti défendra lors des élections de 2017, même si certains candidats à la primaire de la droite et du centre, comme Bruno Le Maire, ont fait savoir qu’ils ne se suivraient pas obligatoirement les orientations fixées par ce document.

S’agissant de la défense, Les Républicains estiment, avec son « ministère régalien par excellence », qu’elle doit être « la priorité et la mission première de l’État ».

Et de souligner que « la France et l’Europe se trouvent aujourd’hui confrontées à des menaces d’une intensité, d’une simultanéité et d’une diversité sans précédent depuis la fin de la Guerre froide » et que les dépenses militaires sont en hausse dans de « nombreux pays ». Sur ce dernier point, le document cite la Chine, la Russie et l’Allemagne, dont le budget de la Défense « dépasse en 2016 celui de la France, avec un niveau d’engagement nettement plus faible ».

En outre, ce projet politique avance que la « situation dans laquelle se trouve notre défense est particulièrement difficile, en quasi-état d’’embolie financière' » et qu’en « l’absence de cap, nos forces armées finissent par s’épuiser face à la multiplication des réformes et des réajustements budgétaires permanents. »

Passé ce constat, Les Républicains égratignent la majorité actuelle en lui reprochant, parfois, d’avoir eu recours à des ficelles qu’eux même ont utilisées quand ils étaient aux affaires. C’est notamment le cas pour les recettes exceptionnelles ou encore les déflations d’effectifs. C’est de bonne guerre, dit-on… Mais à vrai dire, ça ne fait pas vraiment avancer les choses.

Par ailleurs, on peut relever quelques inexactitudes : ainsi, le chiffre de 11.000 soldats français « présents sur des théâtres d’opérations extérieures » est faux : en réalité, 6.500 sont en « opex » et 11.000 sont déployés au titre des forces prépositionnées à l’étranger ou des forces de souveraineté (*). Mais là n’est pas le plus important.

Face aux menace actuelles, Les Républicains ont pris l’engagement, dans leur projet politique, de « porter une ambition forte pour notre défense » et de « renouver un pacte de confiance avec nos militaires ».

Pour cela, le document avance qu’il est faut « impérativement » augmenter le budget de la Défense. « Ce n’est plus une question de choix, c’est une nécessité », peut-on lire.

Ainsi, il y est annoncé, en cas d’alternance, le lancement d’une « revue stratégique » dès 2017 « pour stopper la déflation des effectifs et avoir une véritable réflexion de fond sur la condition militaire », alors que, le 16 novembre 2015, le président Hollande a annoncé l’arrêt des suppressions de postes au sein des forces armées.

Toujours au sujet des effectifs, le projet évoque une augmentation du budget alloué à la « réserve nationale » ainsi que la création d’un statut propre pour les réservistes, avec des missions clairement identifiées », avec une « doctrine d’emploi cohérente pour la réserve opérationnelle. »

Au sujet des matériels, soumis à rude épreuve, le projet parle d’engager une « réflexion sur l’indisponibilité des équipements, sur la professionnalisation de leur entretien » et « d’envisager un meilleur partenariat avec les fournisseurs. » Un effort sur les infrastructures et les conditions d’hébergement des militaires, « qui ne sont pas à la hauteur », estime le document, feront l’objet d’un « plan de réhabilitation », avec le recours à des crédits intialement affectés à l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru).

Le « revue stratégique » promise pour 2017 devra faire un « état des lieux objectif et sans concession de notre outil de défense et des paramètres budgétaires », ce qui ce traduira par un « investissement dans des besoins capacitaires non pourvus (porte-avions, frégates, drones…). » Et la future Loi de programmation militaire, qui coïcidera avec le quinquennat, devra « s’atteler à répondre aux impasses actuelles concernant l’équipement de nos forces armées, le sous-entraînement des personnels et la médiocrité du cadre de vie des personnels. »

Sans surprise, le document réaffirme l’attachement des Républicains à la dissuasion nucléaire (« assurance-vie de la Nation » et « vecteur de l’excellence technologique ») et exige que « que l’ensemble » ses « composantes (…) soit pérennisé pour assurer une stratégie globale. » Ce qui demandera un effort de 2 milliards d’euros de plus par an à partir de 2021 pour la moderniser.

Le projet de LR prévoit une augmentation cumulée du budget de la Défense de 32 milliards d’euros sur la durée du quinquennat, ce qui le porterait à 41 milliards en 2022. Cet effort représenterait 1,85% du PIB pour la période 2018-2022, les 2% du PIB devant être atteints en 2025, conformément à la norme fixée par l’Otan.

Alors que certains membres LR affichent une proximité avec la Russie et dénoncent régulièrement l’Alliance atlantique, le projet politique estime que « la France doit prendre sa place dans les alliances auxquelles elle appartient, notamment au sein de l’Otan. »

« Notre mouvement pense que le retour dans l’Otan, décidé en 2009, se justifie pleinement : dans le contexte créé par le retour de la Russie sur la scène internationale, la réintégration de la France dans le commandement intégré de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord a tout son sens. Cela n’empêche pas de porter un discours de réforme de l’Alliance atlantique et de mutualisation intelligente, à l’exemple du projet de bouclier antimissile », affirme le texte.

« Nous tenons à rappeler notre engagement en faveur de l’Otan et nous souhaitons que la France joue un rôle majeur pour organiser la contribution des pays européens à l’Otan en un pilier européen de l’Alliance atlantique, disposant de la double appartenance Otan-UE, et permettant à la politique de sécurité et de défense commune (PSDC) de l’Europe de jouir d’une réelle autonomie », insiste encore le document.

Pour les opérations extérieures, le projet veut que l’UE « prenne sa part financière », notamment en s’appuyant sur le mécanisme ATHENA, afin que ce dernier « intervienne de façon beaucoup plus importante au profit des États qui engagent leurs moyens  militaires au titre de la politique de sécurité et de défense commune (PSDC) de l’Europe. »

Concernant l’industrie de l’armement, le projet LR veut amplifier l’effort en matière de recherche, en le portant de 700 millions à 1 milliard d’euros par an et propose que l’État actionnaire puisse « redéfinir sa place dans certains groupes de défense pour renforcer la compétitivité de notre industrie ». Et cela afin de « purger » les reports de charges qui affectent le budget de la Défense. En clair, il s’agira de réduire la participation de l’État au capital de certains groupes…

Enfin, ce projet entend mettre en place une « journée pour la défense (JPD) », qui remplacerait donc l’actuelle « Journée défense citoyenneté » ainsi qu’un service militaire adapté (et obligatoire) pour les 100.000 jeunes qui quittent, chaque année, le système éducatif sans diplôme. Le coût de cette mesure, financé par le redéploiement des crédits du service civique généralisé, serait de 600.000 euros par an. Et il est aussi question de porter de 6 à 13 le nombre d’établissements d’enseignement militaire (ce qui en ferait un par région).

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