Le nombre global d’armes nucléaires se réduit, sur fond de modernisation des forces stratégiques

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Selon les derniers chiffres avancés par l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), le nombre de têtes nucléaires dans le monde est passé de 22.600 à 15.385 entre 2010 et 2016, soit une baisse d’environ 30%.

Cette réduction est essentiellement due à l’application du traité de réduction d’armes stratégiques New START, conclu entre les États-Unis et la Russie en 2010. Pour rappel, cet accord prévoit une baisse de 30% des armes nucléaires détenues par les deux pays (soit 1.550 chacun) et limite à 700 le nombre de vecteurs pour les mettre en oeuvre.

« Les stocks d’armes nucléaires déclinent depuis le pic de 70.000 têtes nucléaires observé au milieu des années 1980. Ce déclin est dû avant tout aux réductions effectuées dans les arsenaux russes et américains », avance ainsi le Sipri. Cependant, tempère-t-il, « le rythme des réductions semble ralentir par rapport à il y a une décennie et ni la Russie ni les États-Unis (…) n’ont réalisé de réduction significative dans leurs forces stratégiques depuis (…) le nouvel accord START ».

Dans le détail, les États-Unis comptent encore 7.000 têtes nucléaires, dont 1.930 sont déployées. La Russie en dispose 7.290, dont 1.790 sont prêtes à l’emploi. Et les deux pays, s’ils réduisent leurs arsenaux, investissent massivement pour les moderniser.

Ainsi, le coût de modernisation des forces stratégiques américaines ainsi que des laboratoires de la National Nuclear Security Administration, l’organisme fédéral chargé de la gestion et de la sécurité de l’arsenal nucléaire, avait été évalué, en 2012, à environ 352 milliards de dollars par le Centre Stimson, un groupe de réflexion installé à Washington.

Ainsi, il est notamment question de remettre à niveau les missiles balistiques Minuteman III ainsi que de renouveler les bombardiers stratégiques (programme du B-21) et les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) de la classe Ohio.

S’agissant des forces stratégiques russes, leur modernisation est aussi en cours, avec le développement de nouveaux missiles (Boulava, Topol M, Iars), la mise en service de sous-marins de la classe Boreï, la relance de la production de bombardiers stratégiques Tu-160 « Blackjack » et l’étude pour en mettre au point un nouveau, le PAK DA.

La France, qui compte 300 têtes nucléaires, aura également à moderniser ses forces stratégiques, avec le développement d’un nouveau SNLE dit de 3e génération et de l’ASN4G, un missile de croisière devant succéder à l’ASMP-A à partir de 2020. D’ici-là, le missile balistique M-51.1 sera remplacé par le M-51.2 (puis ensuite par le M-51.3), la rénovation du réseau de transmission Ramses IV sera terminée et les premiers avions ravitailleurs A330 MRTT « Phénix » seront livrés.

Le Royaume-Uni, qui ne compte plus qu’une seule composante nucléaire, largement dépendante des États-Unis, aura à lancer la construction de nouveaux SNLE, destinés à remplacer les actuels « Vanguard », dans le cadre du programme « Successor ».

Si les arsenaux de ces pays se réduisent ou se maintiennent (au passage, le Sipri estime qu’Israël dispose de 80 têtes nucléaires), il en va autrement en Chine, au Pakistan et en Inde.

« La Chine semble augmenter progressivement ses forces nucléaires et modernise son arsenal », avance le Sipri, qui note également que l’Inde accroît sa puissance de frappe (avec le SNLE Arihant et de nouveaux missiles) et que le Pakistan en fait autant.

« L’arsenal nucléaire pakistanais pourrait augmenter de façon significative au cours de la prochaine décennie », prévient en effet le Sipri.

« En dépit de la réduction continue du nombre d’armes, les perspectives de progrès réels sur la voie du désarmement nucléaire restent sombres », estime Shannon Kile, responsable du Sipri. Et d’ajouter : « Tous les États dotés d’armes nucléaires continuent de faire de la dissuasion nucléaire la pierre angulaire de leurs stratégies de sécurité nationale. »

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