Le Premier ministre canadien « descend » le F-35

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Depuis la campagne des dernières élections législatives canadiennes, on savait que Justin Trudeau n’était pas un fervent partisan de l’avion de combat F-35, qui a accumulé les surcoûts et les retards lors de sa mise au point par Lockheed-Martin.

Cet appareil avait été choisi en 2010 par le gouvernement emmené par le conservateur Stephen Harper pour remplacer les CF-18 Hornet de l’Aviation royale canadienne. Seulement, Ottawa en resta au stade de l’intention, un rapport du vérificateur général du Canada ayant démontré que les coûts d’une telle acquisition (il était question de 65 F-35) avaient été sous-évalués.

D’où le lancement annoncé d’un appel d’offres pour sélectionner le futur avion de combat des forces canadiennes. En septembre, le libéral Justin Trudeau, avait confirmé cette procédure en cas de victoire de son parti aux élections. Mais il avait aussi précisé qu’il n’était pas question pour lui d’acquérir des F-35 afin d’économiser des « dizaines de milliards de dollars pour les prochaines décennies. »

Pourtant, des pays alliés du Canada au sein de l’Otan ont fait le choix du F-35. L’appareil doit former l’épine dorsale de l’aviation de combat américaine, les Pays-Bas, comme l’Italie, viennent de revecoir le premier exemplaire des 37 qu’ils ont commandés, le Royaume-Uni attend les siens et le Danemark envisage d’en acquérir 27 unités.

Que doivent penser les dirigeants de ces pays des propos qu’a tenus Justin Trudeau au sujet de l’appareil qui équipera leurs forces aériennes respectives dans un proche avenir?

« Les conservateurs (…) se sont accrochés à un avion qui ne fonctionne pas et qui est loin de pouvoir fonctionner », a lancé le Premier ministre canadien alors qu’il était interrogé sur le remplacement des CF-18.

« C’est un problème dont nous avons hérité et que nous allons régler », a-t-il ajouté, avant d’expliquer que, en raison de l’ancienneté des CF-18, l’Aviation royale canadienne se trouvent « dans une situation où elles ne peuvent honorer leurs engagements auprès de l’Otan et du NORAD [Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord, ndlr]. »

Seulement, le Parti libéral de M. Trudeau assurait encore récemment, comme d’ailleurs l’opposition conservatrice, que les CF-18 pouvaient être maintenus en service au-delà de 2020 étant donné qu’ils avaient justement été modernisés pour durer jusqu’en 2025.

Aussi, le ton est donc en train de changer. Avant M. Trudeau, le ministre canadien de la Défense, Harjit Sajjan, avait dit craindre une rupture capacitaire si les CF-18 n’était pas rapidement remplacés. Et d’aller même jusqu’à estimer que la modernisation de ces derniers, qui a coûté des centaine de millions de dollars canadiens, était une erreur.

Même chose pour le secrétaire parlementaire à la Défense, John McKay, qui, le 6 juin, a parlé d’un « déficit de capacités » qui « se développe » et qui « doit être géré ».

A priori, la piste de l’acquisition, auprès de Boeing, de « quelques » F-18 « Super Hornet », c’est à dire une version modernisée du CF-18, tient la corde. Et cette solution est à l’étude depuis déjà un moment, à en croire un député de l’opposition canadienne.

« Depuis février, des représentants de Boeing ont eu 10 rencontres avec des gens du gouvernement et du cabinet du premier ministre. Pourquoi les libéraux ont-ils truqué le processus et laissent passer Boeing avant les autres? », a ainsi demandé, rapporte Radio Canada, James Bezan, le député conservateur de Selkirk-Interlake-Eastman.

Or, d’après CBC, Ottawa n’a pas encore effectué un paiement de 32 millions de dollars au titre de sa contribution au développement du F35, alors que cela aurait dû être fait le 31 mai.

Cette contribution, annuelle, doit permettre au Canada d’acquérir l’avion de Lockheed-Martin à prix réduit et autorise les entreprises canadiennes à postuler pour des contrats d’approvisionnement.

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