Les Nations unies veulent renforcer significativement leur mission au Mali

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Le mois de mai a malheureusement confirmé un rapport sur la situation sur le Mali remis quelques semaines plus tôt à Ban Ki-moon, le secrétaire général de l’ONU.

En effet, la Mission multidimensionnelle intégrée pour la stabilisation du Mali (MINUSMA) a subi une série d’attaques meutrières revendiquées par Ansar Dine et al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), deux organisations jihadistes qui ont su garder une certaine de capacité de nuisance après avoir été chassées de leurs sanctuaires maliens par l’opération française Serval lancée en 2013. Au total, 12 Casques bleus y ont laissé la vie.

Le rapport en question avait préconisé le renforcement des capacités de la MINUSMA, notamment en matière de protection des convois logistiques. Le document avait ainsi constaté qu’il manquait un bataillon de combat spécialisé dans la protection des convois, une unité d’hélicoptères d’attaque, des véhicules blindés de transport de troupes et des véhicules résistant aux mines pour permettre à la mission de l’ONU de mener à bien ses missions.

Aussi, le porte-parole des Nations unies, Stéphane Dujarric, a fait savoir, le 2 juin, qu’il était question de renforcer les effectifs de la MINUSMA à hauteur de 2.500 soldats et policiers supplémentaires et rappelé qu’il manquait à cette dernière des moyens aériens et des forces de réaction rapide.

« Il est évident que la sécurité en plusieurs endroits du Mali se détériore. Le personnel de l’ONU l’a payé de son sang », a commenté M. Dujarric. « Nous parlons de forces de réaction rapide, de moyens aériens, de soldats supplémentaires spécialisés dans les convois hautement sécurisé », a-t-il expliqué.

Dans le détail, le secrétaire général de l’ONU entend proposer d’ajouter 2.049 soldats et 480 policiers supplémentaires à la MINUSMA, laquelle comptait, selon un bilan arrêté en mars, 10.698 militaires, soit 95% de son effectif autorisé (11.240 personnels).

Ces renforts devraient permettre d’armer une force de réaction rapide de 650 soldats, une unité aérienne (85 personnels) et de déployer des unités de forces spéciales à Kidal et à Tombouctou.

Le Conseil de sécurité se prononcera sur ces demandes le 29 juin prochain, à l’occasion d’un vote devant prolonger le mandat de la MINUSMA.

Par ailleurs, Mahamat Saleh Annadif, le chef de la MINUSMA, a dressé un bilan sans concession de la situation au Mali lors d’un entretien accordé à Jeune Afrique.

Ainsi, s’il y a une accalmie sur le front des revendications indépendantistes dans le nord du pays, notamment après la signature des accords d’Alger, le chef de la mission de l’ONU a constaté deux phénomènes inquiétants.

« Tout d’abord, les groupes terroristes, Ansar Dine, AQMI, Al Mourabitoune et le reliquat du Mujao, continuent de causer énormément de dégâts. Ils visent la communauté internationale – Barkhane, la Minusma, les Fama [Forces armées maliennes, ndlr] – et ils le revendiquent. Ces groupes bénéficient de complicités au sein de la population et même des mouvements signataires des accords [d’Alger] », a-t-il affirmé.

Et puis, a-t-il continué, il faut aussi compter les « conflits locaux ». Et d’expliquer : « On voit aujourd’hui des civils s’entretuer au Mali. Et partout où ils s’entretuent, c’est parce que l’État est absent. On doit également faire face aux coupeurs de route, qui profitent eux aussi de l’absence de l’État. C’est très dangereux, car ce phénomène descend du Nord vers le Centre, et même vers le Sud. » D’où la crainte exprimée par Mahamat Saleh Annadif : « Au moment où la paix arrive au Nord, la guerre glisse vers le Centre. Notre mission devient plus difficile car elle s’étire… »

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