Rafale : Pour le Pdg de Dassault Aviation, la balle est dans le camp de l’Inde

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Fin janvier, à l’occasion d’une visite officielle du président Hollande à New Delhi, un accord intergouvernemental portant sur la commande de 36 avions Rafale pour les besoins de l’Indian Air Force avait été conclu. Ne restait alors plus qu’à régler les détails financiers. Une affaire de 4 semaines d’après Dassault Aviation…

Seulement, quatre mois plus tard, le contrat n’a toujours pas été signé. Pourtant, à New Delhi, l’on a fait état d’avancées notables dans les discussions, notamment au niveau des compensations industrielles et du prix, la dernière proposition française, évoquée par la presse indienne, étant de 36 Rafale pour 7,25 milliards d’euros.

Et, en avril, le BJP, le parti du Premier ministre indien, Narendra Modi, s’en félicita sur les réseaux sociaux et annonça la finalisation du contrat… Mais le ministre de la Défense, Manohar Parrikar, calma vite les esprits en précisant qu’il y avait encore quelques détails à régler. Dans la presse, une histoire de garantie bancaire fut alors évoquée pour expliquer la lenteur des négociations.

Dans cette affaire, aux enjeux industriels, financiers et stratégiques énormes (car l’Indian Air Force ne devrait pas se contenter de seulement 36 avions multirôles comme le Rafale), l’on aura tout entendu. Aussi, le mieux est de se référer aux acteurs directs de ce dossier, comme Éric Trappier, le Pdg de Dassault Aviation.

Dans un entretien publié ce 31 mai par le quotidien Les Échos, M. Trappier a remis les pendures à l’heure. « Nous sommes prêts à conclure à tout moment, la balle est le camp du gouvernement indien », a-t-il ainsi affirmé. « L’Inde nous explique depuis des années qu’elle manque d’avions de combat, toutes les conditions requises sont remplies et nous avons fortement baissé le prix », a-t-il continué.

Et M. Trappier d’ajouter : « Quant aux problèmes de garantie bancaire évoqués par la presse indienne, je ne les comprends pas. Il n’y a pas besoin de garantie bancaire, puisqu’il y a une garantie d’Etat. Avec l’Inde, il s’agit d’un contrat intergouvernemental, d’Etat à Etat, ce qui signifie que la France s’engage à ce que les industriels livrent en temps et en heure. »

À la question de savoir si l’Inde n’avait pas quelques réticences « à s’allier avec une puissance de taille très moyenne comme la France (*), M. Trappier a rappelé quelques évidences. « Par le passé, chaque fois que l’Inde est entrée en conflit, elle a utilisé des avions français : les Mirage (…). L’Inde sait donc qu’elle peut compter sur la France et sur Dassault. Comme nous venons encore de le prouver en honorant en temps et heure un récent contrat de modernisation des Mirages 2000 », a-t-il répondu.

Quoi qu’il en soit, le dénouement de cette affaire, commencée il y a quatre ans avec la sélection du Rafale dans le cadre de l’appel d’offres M-MRCA, semble proche. Et là, ce n’est pas une « source proche du dossier » anonyme qui l’affirme mais le ministre indien de la Défense en personne. Ainsi, selon ses propos tels qu’ils ont été rapportés par la presse indienne, la signature du contrat pourrait avoir lieu dans le courant du mois de juin (sous-entendu 2016 car M. Parrikar n’a pas précisé l’année).

Le contrat devrait être évoqué à l’occasion du forum de sécurité inter-gouvernementale de Shangri-La, le 3 juin, à Singapour, où M. Parrikar rencontrera Jean-Yves Le Drian, son homologue français.

(*) Même si tout est loin d’y être parfait, la France est la 5e/6e puissance économique mondiale, avec l’arme nucléaire et un siège permanent au Conseil de sécurité des Nations unies… Pas mal pour une « puissance de taille très moyenne », comme l’assure le quotidien « Les Échos »!

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