Le patron d’Airbus admet deux « énormes » erreurs au sujet de l’avion de transport A400M

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Retards et surcoûts lors de la phase de développement, problèmes de logiciels de contrôle des turbopropulseurs TP400, fissures sur le fuselage, soucis au niveau des boîtiers de transmission, appareils livrés ne présentant pas les capacités inscrites dans le cahier de charges (ravitaillement en vol des hélicoptères, autoprotection, largage latéral des parachutistes)… L’avion de transport A400M « Atlas » cumule les déconvenues.

Et les clients de cet appareil s’impatientent. À commencer par la France et l’Allemagne, où l’on exige d’Airbus un plan précis pour remettre d’aplomb ce programme, en évoquant la possibilité d’aller voir ailleurs pour remplacer une partie des Transall C-160 de la Luftwaffe…

L’an passé, le Pdg d’Airbus, Thomas Enders, avait fait amende honorable et présenté ses excuses pour tous ces dysfonctionnements qui affectent le programme A400M. Et le patron de la branche militaire du groupe, Domingo Ureña-Raso, fut débarqué.

Dans un entretien accordé au quotidien allemand Bild, M. Enders a cependant admis avoir commis deux « énormes erreurs », tout en faisant porter en partie la responsabilité des dysfonctionnements du programme A400M aux clients.

« Nous avons sous-estimé les problèmes de moteur et sommes rattrapés par ce péché originel », a ainsi affirmé M. Enders dans les colonnes de Bild. « Lors du démarrage du programme, nous nous sommes laissé convaincre par des chefs de gouvernement européens de renom de confier les moteurs à un consortium peu expérimenté tout en endossant nous-mêmes la responsabilité pour ce turbopropulseur d’un nouveau genre », a-t-il ajouté.

Aussi, a continué M. Enders, « cela a constitué deux énormes erreurs pour lesquelles nous devons vraiment payer aujourd’hui. » Cependant, il a aussi reconnu que des « problèmes internes » ont perturbé la bonne marche du programme. Parmi ceux-ci, l’on peut citer celui de l’approvisionnement en pièces détachées. Ou encore ceux probablement liés à des tests qui n’ont pas tous été effectués en soufflerie, comme l’a expliqué, en mars dernier, Bruno Sainjon, le président-directeur général de l’ONERA, lors d’une audition à l’Assemblée nationale.

Quoi qu’il en soit, M. Enders a saisi l’occasion pour mettre en garde les clients de l’A400M contre la tentation commander d’autres appareils afin de maintenir leur aviation de transport opérationnelle. La France a franchi le pas avec l’acquisition de 4 C-130J Hercules (dont deux en version ravitailleur) auprès des États-Unis. En Allemagne, certains s’interrogent… ou font mine de faire, histoire de mettre la pression sur Airbus.

« Ce serait une grande erreur d’abandonner » l’A400M car cet « appareil a un potentiel énorme », a fait valoir le patron d’Airbus. Il sera, un jour, « la colonne vertébral des flottes de transport aérien en Europe » et « sera exporté avec succès », a-t-il assuré. Ce serait à souhaiter car, en 2010, quand il fallut sauver le programme, les pays clients accordèrent au constructeur une avance remboursable de 1,5 milliard d’euros, gagées sur les exportations futures.

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