Un EP-3E Aries II américain intercepté dangereusement par des avions chinois en mer de Chine [MàJ]

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Comme tous les ans, le Pentagone a publié, la semaine dernière, un rapport sur la politique menée par Pékin en matière de défense [.pdf]. Et, comme l’on pouvant s’en douter, la question de la militarisation de la mer de Chine méridionale a évidemment été évoquée.

Ainsi, le rapport note que la Chine a marqué « une pause depuis fin 2015 » dans ses travaux visant aménager des 7 récifs des archipels Spratleys et Paracel, après avoir gagné « près de 1.300 hectares » sur la mer.

Ces travaux visent à assurer le contrôle de la mer de Chine méridionale, que Pékin revendique dans sa quasi-totalité, aux dépens des pays riverains (Vietnam, Philippines, Malaisie, Bruneï) qui ont, eux aussi, des prétentions territoriales dans cette région stratégique pour le commerce maritime mondiale ainsi que pour les réserves d’hydrocarbures qu’elle recèle.

En s’appropriant ces récifs, la Chine considère désormais que les zones des 12 miles entourant ces derniers font partie de ses eaux territoriales.

« Quand elle aura achevé ces travaux d’aménagement, elle disposera de trois pistes d’aviation dans les Spratleys, de ports et de systèmes de surveillance, qui amélioreront la capacité de la Chine à contrôler (…) l’espace maritime environnant », estime le rapport du Pentagone, pour qui Pékin a aussi, en 2015, « utilisé des tactiques de coercition, calculées pour rester sous le seuil du conflit armé, pour faire avancer » ses objectifs.

Au cours de ces derniers mois, et afin d’affirmer la liberté de navigation dans cette région, les États-Unis ont envoyé des navires ainsi que des avions de surveillance maritime patrouiller à moins de 12 miles de ces récifs aménagés par la Chine avec des capacités, du moins pour certains d’entre eux, dites de déni d’accès et d’interdiction de zone (« anti-access/area-denial » – A2/AD).

Seulement, ces patrouilles agacent de plus en plus les autorités chinoises, lesquelles ont, la semaine passée, haussé le ton après un passage du destroyer américain USS William P. Lawrence près du récif de Fiery Cross, dans des eaux que Pékin considère comme siennes.

Et, le rapport publié par le Pentagone n’a évidemment pas calmé les esprits à Pékin, où l’on a parlé d’un document qui « ébranle gravement la confiance mutuelle » avec Washington.

En mai 2015, l’US Navy avait envoyé un avion de patrouille maritime P8 Poseidon voler à proximité, là encore, près du récif de Fiery Cross. Mais l’armée chinoise s’était contenté de lancer de fermes avertissements à l’équipage.

Un an plus tard, le ton a changé. Ainsi, un appareil de renseignement EP-3E Aries II de l’US Navy, qui effectuait une « patrouille de routine » dans « l’espace aérien international » au-dessus de la mer de Chine méridionale a été intercepté par deux avions de chasse chinois J-11. Et cela dans « des conditions dangereuses », a indiqué, le 18 mai, le Pentagone, qui a précisé avoir « utilisé les canaux diplomatiques et militaires appropriés pour réagir à l’incident. »

A priori, les J-11 chinois ont évolué à environ 50 pieds de l’avion américain. Ce genre de pratique a été la cause d’un incident sérieux en avril 2001, un P-3 Orion [photo ci-dessus] de l’US Navy avait été accroché en vol par l’un des deux Shenyang J-8 venus l’intercepter alors qu’il évoluait à 110 km de l’île chinoise de Hainan. Contraint de se poser en Chine, l’équipage américain avait été retenu pendant 11 jours.

Le risque qu’un tel incident se reproduise n’est évidemment pas à écarter, d’autant plus que les pilotes chinois sont, comme leurs homologues russes, coutumiers des interceptions dangereuses, comme par exemple en août 2014, où un J-11 avait effectué un tonneau au-dessus d’un d’un P-8 Poseidon, qui volait alors à plus de 200 km de l’île de Hainan.

« Nous avons travaillé dur pour éviter un autre cas comme du P-3 à Hainan. Et nous voyons certaines de leurs manoeuvres agressives contre nos avions qui opèrent dans l’espace aérien international. C’est dangereux. Une erreur de calcul ou un incident de sécurité pourrait dégénérer en une très mauvaise situation », avait estimé, avant ce nouvel incident, le général Herbert Carlisle, de l’US Air Force.

 

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