Libye : Vers une levée partielle de l’embargo sur les armes pour soutenir le gouvernement d’union nationale

Le 10 mai dernier, le gouvernement libyen d’union nationale, qui a fini par s’installer à Tripoli, a annoncé la création prochaine d’une « Garde présidentielle », chargée de protéger les emprises gouvernementales, les hautes personnalités, les sites sensibles et les frontières.

Une « Garde présidentielle » peut être surprenante dans la mesure où la Libye n’a pas de président au sens que l’on entend généralement. En réalité, Fayez al-Sarraj, le nouvel homme fort de Tripoli (du moins en théorie), soutenu par la communauté internationale, occupe la fonction de « Président du Conseil présidentiel du gouvernement d’union nationale ».

Dans les faits, M. al-Sarraj peine à asseoir son autorité étant donné que le Parlement de Tobrouk, auparavant reconnu par la communauté internationale, refuse pour le moment de lui accorder sa confiance, plusieurs votes ayant déjà été reportés pour des raisons plus ou moins valables. À cela s’ajoute la multitude de milices armées qui ont du mal à rentrer dans le rang depuis la chute du régime du colonel Kadhafi, en 2011.

Et puis, évidemment, il y a la menace de la branche libyenne de l’État islamique (EI ou Daesh) ainsi que celle d’autres groupes extrémistes, pour la plupart liés à al-Qaïda.

Cette menace jihadiste concerne non seulement l’Afrique subsaharienne mais aussi les voisins de la Libye (essentiellement la Libye et l’Égypte) mais aussi l’Europe, laquelle doit également faire face à flux migratoire qui ne se tarit pas depuis le littoral libyen.

D’où l’enjeu de la réunion organisée à Vienne, le 16 mai, avec les ministres des Affaires étrangères des grandes puissances et des pays voisins de la Libye.

Ainsi, il a été décidé, selon le communiqué final signé par les 5 membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies, de « répondre aux demandes du gouvernement libyen [celui d’union nationale, ndlr] en vue d’entraîner et d’équiper la garde présidentielle et les forces autorisées. »

En clair, il s’agit de lever partiellement l’embargo sur les armes imposé à la Libye depuis 5 ans. Ce qui avait été réclamé à plusieurs reprises par le Parlement de Tobrouk ainsi que par le gouvernement qui en est issu alors que la branche libyenne de Daesh s’enracinait à Syrte.

Le secrétaire d’État américain, John Kerry, a expliqué que cette levée partielle de l’embargo doit permettre au gouvernement de M. al-Sarraj « d’acquérir les armes et les munitions nécessaires pour combattre Daesh et d’autres groupes terroristes. » Et d’ajouter : « Les États-Unis sont prêts à fournir de l’aide humanitaire, économique et un appui en matière de sécurité au nouveau gouvernement libyen s’il le demande. »

Cependant, si la Garde présidentielle libyenne pourra recevoir des armes, il n’en ira pas de même pour les autres factions et milices puisque l’embargo devrait être renforcé pour ce qui les concerne. Et cela même si les forces du gouvernement de Tobrouk, commandées par le général Khalifa Haftar, combattent depuis maintenant deux ans les groupes jihadistes installés en Cyrénaïque (est du pays).

Mais l’essentiel, comme l’a souligné le chef de la diplomatie italienne, Paolo Gentiloni, est stabiliser la Libye au niveau institutionnel.

« La stabilisation de la Libye est la réponse clef à ces risques et pour stabiliser la Libye, nous avons besoin d’un gouvernement d’un gouvernement », a-t-il en effet fait valoir.

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