Concert de rap pour le centenaire de la bataille de Verdun : le grand n’importe quoi continue!

66eri-20160511

L’organisation d’un concert de rap, avec Black M en vedette, pour conclure la journée dédiée à la commémoration du centenaire de la bataille de Verdun, le 29 mai, a suscité une vive indignation.

Au point que le secrétaire d’État chargé des Anciens combattants et de la Mémoire, Jean-Marc Todeschini, s’est fendu d’un communiqué, ce 12 mai, pour dire qu’il « regrette profondément que cette polémique autour d’un chanteur fasse oublier le sens de la cérémonie officielle du centenaire de la bataille de Verdun voulue par le Président de la République ». Et aussi pour renvoyer la balle à la mairie de Verdun, qui, selon lui, a « souhaité proposer à la population verdunoise et aux jeunes présents un concert de Black M », en marge de la cérémonie officielle.

Visiblement, M. Todeschini n’a pas saisi la raison de cette levée de boucliers. Certes, il est vrai que des élus d’extrême droite ont critiqué la présence de Black M à ce concert, d’où, sans doute ses regrets au sujet de cette « polémique ».

Mais la question n’est pas là. Que ce soit Black M, les Fatals Picards ou Florent Pagny ne change rien à l’affaire. C’est le principe même d’un concert à la fin d’une journée de commémoration qui choque. C’est vouloir concilier l’inconciliable. Non, on ne fait pas la fête et on ne s’amuse pas quand il s’agit de se souvenir du sacrifice de 300.000 soldats français et allemands et d’évoquer une terrible tragédie humaine. Il y a 365 autres jours dans cette année (bissextile) pour faire tout ce qu’on veut. Est-ce si difficile à comprendre?

Cela étant, cette affaire vire au grand n’importe quoi. Si M. Todeschini a renvoyé la patate chaude à la ville de Verdun, son maire, Samuel Hazard a rappelé que l’organisation de ce concert a été initialement proposé par… l’État.  » Ce choix a été un choix collectif lors du comité interministériel du Centenaire qui s’est déroulé à Paris en présence du ministre, du département… Personne ne s’est élevé contre ce choix », explique-t-il à l’Est républicain.

« Je ne pouvais pas proposer ce concert, je ne connaissais pas Black M », a-t-il continué. Et d’expliquer : « La ville de Verdun est maître d’ouvrage mais n’est pas seule. Le concert est financé par les différentes parties. »

Et cette plaisanterie de mauvais goût va coûter « 150.000 euros, financés à 40 % par la Mission nationale du Centenaire », selon M. Hazard, le reste étant pris en charge par la ville de Verdun, le département et la région.

Au passage, les 60.000 euros dépensés par la Mission nationale du Centenaire n’auraient-ils pas été plus utiles à autre chose? Par exemple, un musée dédié à la Grande Guerre qui aurait un besoin de financement ou des projets d’édition à vocation historique ou littéraire en panne de fonds?

Quoi qu’il en soit, le concert est maintenu. « J’ai eu hier soir au téléphone Joseph Zimet, le directeur de la Mission du Centenaire qui soutient le concert et le choix de Black M », a raconté M. Hazard, qui, comme le secrétaire d’État aux Anciens combattants, n’a visiblement pas compris la portée de la polémique.

Sur sa page Facebook, le maire de Verdun parle de « manipulation » et répond avant tout aux détracteurs de Black M, artiste par ailleurs à l’origine d’autres polémiques suscités par les textes de ses chansons. « Pensez vous que moi qui défend les principes et les valeurs de la République, qui suis prof d’histoire aurai pu accepter un artiste qui va à leurs encontres (sic)? », plaide-t-il. Rappelons qu’il parle d’un chanteur qu’il ne connaissais il y a encore peu…

Pour résumer, on ne sait plus trop qui a eu la lumineuse idée d’organiser ce concert puisque les différents acteurs se renvoient la balle et on a des responsables politiques qui ne comprennent pas pourquoi il y aurait des raisons de s’offusquer qu’il puisse y avoir une telle manifestation « festive » le jour même de la commémoration du centenaire de la bataille de Verdun tout en invitant un artiste dont ils ne savent pas grand chose, si ce n’est qu’il plaît aux « jeunes ». Et le tout pour 150.000 euros. Franchement, c’est à se demander si nous sommes vraiment à la hauteur du sacrifice de nos « Poilus »…

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]