Le ministère de la Défense se dote d’une mission « Cinéma »

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Le Pentagone a très vite compris ce qu’une industrie cinématographique puissance pouvait lui apporter en matière de communication et même de propagande en temps de guerre, de nombreux films anti-nazis ayant été été tournés lors du second conflit mondial.

Ce qui a donné des films comme « Strategic Air Command », avec James Stewart (qui était par ailleurs général de réserve de l’US Air Force). Ce long métrage ne donne pas dans la subtilité tant il apparaît que sa seule raison d’être est de faire uniquement la promotion des forces stratégiques américaines. Mais en apparence seulement car, sorti en pleine Guerre Froide, il fait aussi passer le message à la population qu’elle n’a rien à craindre de l’URSS : les B-36 « Peacemaker » sont justement là pour dissuader toute attaque.

Dans le même genre, on peut citer « Top Gun », qui a popularisé le F-14 Tomcat, fait la promotion de l’aéronavale américaine, suscitant ainsi de nouvelles vocations et, accessoirement, lancé la carrière de Tom Cruise et celle de Val Kilmer.

D’autres films, plus subtils, ont rappelé des faits d’armes de l’armée américaine, comme « Nous étions soldats », qui évoque la bataille de la Drang au Vietnam, ou, plus récemment, « Fury », qui raconte l’histoire de l’équipage d’un char M4 Sherman durant la campagne d’Allemagne en 1944. Sans oublier « American Sniper » de Clint Eastwood.

En France, les moyens ne sont pas les mêmes. Et pourtant, on peut citer quelques films (et même au moins une série télévisée) qui mettent en valeur l’armée française, ou du moins, qui ont reçu le concours de cette dernière. Avec des résultats plus ou moins heureux (mais c’est une affaire de goût).

Citons notamment « La légion saute sur Kolwezi », « Les Chevaliers du Ciel » (film sorti en 2005, qui n’a sans doute pas eu le même impact que les deux séries télévisées en dépit des scènes spectaculaires), « Forces spéciales » (décevant, mais là encore, c’est une affaire de goût) ou encore l’incontournable « Crabe Tambour », tourné par Pierre Schoendoerffer à bord du « Jauréguiberry » et la série (oubliée) « Les 12 légionnaires », écrite par Paul Bonnecarrère.

La liste ne s’arrête pas là. En effet, le ministère de la Défense et la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) ont apporté leur concours à la série « Le Bureau des légendes », dont la diffusion de la seconde saison vient de commencer sur Canal Plus.

Pour le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, si cette série est un succès, « c’est justement justement parce que nous avons travaillé ensemble, dans une grande confiance, mais aussi une réelle indépendance, que le résultat est si réussi. »

À l’occasion de la diffusion, en avant première, le 2 mai dernier à Balard, de la seconde saison de cette série, M. Le Drian a annoncé la création d’une « mission cinéma ».

« Pour les armées françaises, il y là un enjeu de rayonnement majeur, qu’elles ne doivent plus ignorer. C’est pour cette raison que j’ai souhaité la préparation d’une stratégie dans ce domaine. Et pour animer cette nouvelle politique, je suis très heureux de vous annoncer la création d’une ‘Mission Cinéma’ au sein du ministère de la Défense », a en effet déclaré le ministre.

« Ce lien entre Défense et cinéma (…) est toujours une forme de pari. Dans ce ministère, cela fait plus de cent ans que les images animées nous intéressent », a encore fait valoir M. Le Drian.

Cette mission « Cinéma » sera conseillée par Éric Garandeau, ancien président du Centre national du cinéma, et menée par la Délégation à l’information et à la communication de la défense (DICoD), avec pour tâche d’accompagner « la réalisation de films et de séries mettant en scène les forces armées françaises et les institutions de la Défense. »

Le ministère de la Défense justifie cette approche en expliquant que le cinéma est susceptible d’être un « vecteur puissant de rayonnement » et qu’il « représente un outil potentiel de sensibilisation, par l’évocation des enjeux stratégiques, des opérations menées et de la communauté de Défense, et de recrutement. » Et de souligner l’intérêt « fort » du 7e art pour les sujets liés à la défense et « l’appétence particulière du grand public. »

 

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