Le chef du Pentagone se veut ouvert mais ferme à l’égard de la Russie

Nul ne sait si, en novembre prochain, Donald Trump sera élu à la Maison Blanche. Si tel est le cas, au vu des positions qu’il a exprimées au cours de ces dernières semaines, il faudrait alors s’attendre à quelques bouleversements dans la politique étrangère des États-Unis. Du moins s’il réussit déjà à faire payer au Mexique le mur qu’il entend ériger à la frontière pour mettre un terme à l’immigration clandestine…

En attendant, la ligne suivie par Washington a été rappelée par Ashton Carter, l’actuel secrétaire américain à la Défense, à l’occasion de la prise de fonction du général Curtis Scaparrotti, le nouveau commandant suprême des forces alliées en Europe (SACEUR), le 3 mai, à Stuttgart.

Depuis l’annexion de la Crimée, en mars 2014, et les événements qui ont suivi dans l’est de l’Ukraine, les relations entre la Russie et l’Otan se sont dégradées, avec à la clé une multiplication des incidents, comme ceux qui ont eu le mois dernier en mer Baltique.

Et les points de vue semblent difficilement conciliables : la tenue, le 20 avril, du premier conseil Otan-Russie (COR) depuis deux ans n’a permis que de constater les désaccords, même si le dialogue a été, comme l’a décrit Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Alliance atlanique, « franc et sérieux ».

Cette situation a été résumée par le bouillant général Philip Breedlove, le désormais ancien SACEUR. « Ma carrière a commencé ici [en Europe, ndlr] pendant la Guerre froide pour essayer de maintenir la paux. Et ma carrière s’est terminée ici pour essayer d’empêcher une nouvelle guerre froide et continuer à maintenir la paix », a-t-il dit.

Cependant, il n’est pas question de « guerre froide » pour Ashton Carter. « Nous ne voulons pas d’une guerre froide et encore moins d’une (guerre) chaude. Nous ne cherchons pas à faire de la Russie un ennemi », a-t-il en effet déclaré.

« Les États-Unis continueront à croire possible que la Russie assumera le rôle d’un partenaire constructif pour aller de l’avant au lieu de s’isoler et de revenir en arrière comme cela semble être le cas aujourd’hui », a affirmé M. Carter. « Une grande partie des progrès que nous avons faits depuis la fin de la Guerre froide, nous les avons accomplis avec la Russie. Je le répète : non en dépit de la Russie, pas contre la Russie, non pas sans la Russie, mais avec elle », a-t-il souligné.

Selon M. Carter, l’Otan maintient « la porte ouverte à la Russie » afin de coopérer pour faire face aux « défis sécuritaires du monde ». Mais cela ne vaut que si Moscou « abandonne son attitude martiale » et arrête d’intimider ses voisins ainsi que ses « rodomontades » sur l’emploi des armes nucléaires, lesquelles « soulèvent des questions au sujet de l’engagement des dirigeants russes sur la stabilité stratégique. »

Faute de quoi, a prévenu le chef du Pentagone, il ne faut pas se « méprendre » : « Nous allons défendre nos alliés, l’ordre international fondé sur des règles et l’avenir positif qu’il nous offre. » Et d’ajouter : « Mais c’est au Kremlin de décider. »

 

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