Migrants : À la demande de l’Italie, l’Otan pourrait déployer une force navale au large de la Libye
Pour casser le modèle économique des passeurs de migrants qui opèrent depuis le littoral libyen, l’Union européenne a lancé l’opération EUNAVFOR MED Sophia en juin 2015. Depuis l’automne, les navires engagés dans cette mission ont le droit d’arraisonner les navires suspects dans les eaux internationales.
Le 16 avril, lors d’un entretien donné au quotidien Le Monde, Mme le Haut Représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Federica Mogherini, a considéré que cette opération navale européenne était un « réel » succès.
« Nous avons sauvé en mer 12.600 personnes depuis septembre dernier » et EUNAVFOR MED Sophia a « permis de stopper 68 suspects, tous transférés à la justice italienne. (Et) Nous avons neutralisé et rendu hors d’usage 104 bateaux », a détaillé Mme Mogherini.
Seulement, tant que la situation politique ne sera pas éclaircie à Tripoli, avec l’installation d’un gouvernement d’union nationale, l’opération Sophia, dont l’Italie est nation-cadre, ne peut pas passer à sa phase 3, qui consiste à intervenir dans les eaux territoriales libyennes pour arrêter les passeurs.
Pour autant, et malgré cette opération de l’Union européenne, l’Italie a demandé à l’Otan de patrouiller au large de la Libye afin de réduire le flux des migrants qui arrivent sur ses côtes. C’est la ministre italienne de la Défense, Roberta Pinotti, qui l’a révélé lors d’un entretien publié par le quotidien La Stampa, ce 25 avril.
« Au niveau de l’Otan, nous avons demandé à ce que l’opération Active Endeavour soit transformée, d’une opération anti-terroriste en Méditerranée orientale, en une opération qui engloble les côtes libyennes », a en effet affirmé Mme Pinotti. « Lors de notre récente réunion au Luxembourg, le secrétaire général [Jens] Stoltenberg m’a indiqué que cette proposition avait été bien accueillie », a-t-elle ajouté.
Pour rappel, en application de l’article 5 de la charte de l’Otan, l’opération Active Endeavour a été lancée au lendemain des attentats du 11 septembre 2001. Elle vise à « décourager » les actes de terrorisme tout en surveillant et en protégeant les voies maritimes commerciales en Méditerranée.
Selon Mme Pinotti, l’Otan pourrait approuver cette mission lors du sommet de Varsovie, le 7 juillet prochain. Pour Mme Pinotti, la demande de Rome devrait obtenir une réponse positive. « Lors du sommet, la proposition devrait devenir une décision effective », a-t-elle affirmé.
L’Otan mène déjà une opération contre les passeurs de migrants en mer Égée. Cette dernière a été lancée à la demande de l’Allemagne, soutenue par la Grèce et la Turquie.
« En mer Egée, il y a un pays membre de l’Otan avec lequel nous coopérons sur la destination finale des réfugiés, mais en Libye non », a souligné Mme Pinotti.
