Le tir d’un missile balistique mer-sol nord-coréen « fermement » condamné par le Conseil de sécurité

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Après l’essai d’une bombe « thermonucléaire », qui était propablement celui d’une bombe atomique à effet dopé et le lancement d’une fusée ayant mis sur orbite le satellite Kwangmyong 4, le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté, en mars, une résolution visant à durcir le régime des sanctions imposées à la Corée du Nord.

Mais rien n’y fait. Depuis, Pyongyang a multiplié les lancements de missiles et il lui est même prêté l’intention de préparer un cinquième essai nucléaire (qui serait donc le second de l’année), ce qui a conduit, le 19 avril, la Corée du Sud, le Japon et les États-Unis à lui promettre, si tel était effectivement le cas, un nouveau durcissement des sanctions.

C’est dans ce contexte que, le 23 avril, la Corée du Nord a procédé à un nouvel essai d’un missile balistique mer-sol stratégique (MSBS), du moins présenté comme tel. Le lancement a été supervisé en personne par Kim Jong-Un, le chef du régime nord-coréen. Selon des images diffusées par la télévion d’État, on peut voir ce dernier à bord d’un sous-marin avant d’observer le tir depuis la terre avec une paire de jumelles.

Ce n’est pas la première fois que Pyongyang effectue un essai de ce type. Et, malgré la apparences, ils ont été présentés comme étant des succès. Celui du 23 avril n’a pas échappé à la règle. Citant Kim Jong-Un, l’agence officielle KCNA a fait valoir que Pyongyang « est aujourd’hui capable de frapper quand il veut les dirigeants des forces fantoches sud-coréennes et des impérialistes américains » et que ce « succès édifiant est un précieux cadeaux que les scientifiques et techniciens de la Défense offrent aux grands leaders et au parti. »

Seulement, à en croire le ministère sud-coréen de la Défense, le missile en question n’est pas allé bien loin : il n’aurait parcouru qu’une trentaine de kilomètres avant de s’abîmer en mer du Japon. Cela étant, par rapport aux précédents essais, celui de samedi marque un progrès…

À noter que, peu après l’annonce de ce tir, le ministre nord-coréen des Affaires étrangères, Ri Su-Yong, a indiqué que son pays serait prêt à un moratoire sur ses activités nucléaires si les États-Unis mettaient un terme à leurs manoeuvres militaires conjointes avec la Corée du Sud.

Ce tir de missile balistique mer-sol pose plusieurs questions. La Corée du Nord affirme qu’il a été effectué depuis un sous-marin… Mais encore faudrait-il que la marine nord-coréenne en ait un disposant de telles capacités. Or, ceux qu’elle met en oeuvre ne les ont pas. En outre, leur technologie remonte aux années 1950, voire 1960 pour les plus récents. Aussi, il est probable qu’une plateforme sous-marine ait été utilisée pour le dernier test.

Cependant, il a été rapporté que la Corée du Nord développe un nouveau modèle de sous-marin, appelée « Sinpo » et dont on n’a que peu de détails à son sujet, si ce n’est que sa conception est fortement inspirée de modèles russes. Mais avant d’en arriver à construire un submersible difficilement détectable, il y a encore de la marge.

Quoi qu’il en soit, les États-Unis et la Grande-Bretagne ont dénoncé ce nouvel essai de missile balistique tandis que la France a demandé à l’Union européenne de prendre des « sanctions autonomes additionnelles » à l’égard de Pyongyang.

« Le programme balistique nord-coréen accompagne le développement revendiqué d’un arsenal nucléaire par ce pays. Il constitue une menace grave à la sécurité régionale et internationale. La France condamne une nouvelle fois les essais nucleaires et balistiques auxquels le régime nord-coréen a procédé », a fait valoir le ministère français des Affaires étrangères.

« Nous appelons à une réaction ferme et unie de la communauté internationale pour que la Corée du Nord cesse ces provocations et abandonne de manière irréversible et vérifiable son programme balistique et nucléaire », a encore ajouté le Quai d’Orsay.

Et cela d’autant plus que l’activité nord-coréenne dans le domaine balistique s’est intensifiée au cours de ces dernières semaines, avec l’échec du tir d’un missile Musudan, dont la portée serait suffisante pour atteindre la base américaine installée sur l’île de Guam, et le succès – avancé par Pyongyang – de l’essai d’un moteur de missile balistique intercontinental (ICBM).

Le Conseil de sécurité des Nations unies n’a pas tardé à réagir à l’annonce du tir du missile stratégique mer-sol nord-coréen. Le 24 avril, dans une déclaration unanime, il l’a « condamné fermement ». Ses 15 membres ont en outre réaffirmé « leur grave inquiétude » de voir « les activités balistiques (nord-coréennes) contribuer au développement de vecteurs d’armes nucléaires et accroître la tension dans la région et au-delà ».

Le Conseil a également exigé que la Corée du Nord « respecte son engagement précédent d’établir un moratoire sur les lancements de missiles », tout en l’appelant à nouveau de « s’abstenir de toute nouvelle action qui violerait les résolutions pertinentes de l’ONU » et en soulignant « particulièrement la nécessité de renforcer l’application de ces mesures. » Ce dernier semble s’adresser à la Chine, qui est reste le principale partenaire économique de Pyongyang.

D’ailleurs, le président américain, Barack Obama, a demandé que Pékin fasse davantage pression sur Pyongyang, qui, selon ses mots, « continue de faire preuve d’un comportement toujours provocateur ». Or, d’après lui, le niveau de la pression exercée par la Chine sur la Corée du Nord « n’est pas encore complètement comme il devrait l’être ».

 

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