L’Hélice Éclair, une innovation à l’origine de Dassault Aviation

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Cette année, Dassault Aviation a commémoré les trente ans de la disparition de son fondateur, Marcel Dassault (né Bloch), décédé le 17 avril 1986 et célébré… son centenaire avec un spectacle récemment donné au Grand Palais, à Paris. Et cela a pu paraître surprenant à beaucoup étant donné que la « Société des avions Marcel Dassault » n’a vu le jour qu’après la Seconde Guerre Mondiale.

Mais, comme le souligne l’avionneur, ce centenaire coïncide en fait avec la première production aéronautique de série lancée en 1916 par Marcel Dassault.

En janvier 1914, jeune ingénieur sorti de l’École supérieur d’aéronautique et de construction mécanique, Marcel Dassault est affecté au Laboratoire de recherches aéronautiques de Chalais-Meudon, où il rencontre Henry Potez.

Les deux hommes sont ensuite désignés pour coordonner la fabrication de l’avion d’observation Caudron G3. Constatant le faible rendement de l’hélice équipant cet appareil, Marcel Dassault entreprend de l’améliorer à ses heures perdues. Un premier prototype est réalisé chez Hirch Minckès, un fabricant de meubles parisien.

« Je fis le dessin de mon hélice, je traçai les différentes sections, ce qui permit à l’ouvrier de réaliser des gabarits. Je restai à côté de lui pendant qu’il rabotait son hélice, de façon à conduire sa main vers des lignes harmonieuses », racontera plus tard Marcel Dassault.

Cette hélice, surnommée « Éclair », se révélera supérieure à toutes les autres lors des essais réalisés au centre du service technique de l’aéronautique à Villacoublay. En novembre 1915, une première commande de 50 exemplaires est passée par l’armée.

Mais, très vite, avec des besoins sans cesse grandissants, la demande d’hélices « Éclair » explose : après avoir été montée sur les Caudron G3, elle doit en effet équiper d’autres types d’appareils comme le Nieuport 12, le Caudron G4 ou encore le Farman 40.

Pour faire face à cet afflux de commandes, Marcel Dassault demande à son ami Henri Potez de le rejoindre. Et comme il faut produire vite, Marcel Dassault propose à Hirch Minckès de créer une entreprise.

Ce qui sera fait avec la Société des Hélices Éclair, avec Marcel Dassault et Henry Potez comme directeurs techniques. Dans le même temps, l’hélice Éclair, dont la marque sera déposée en juin 1916, doit équiper de nouveaux modèles, comme le avions Sopwith britanniques (types 17, 17B, 17C et 27), le Dorand AR et les Spad VII.

Mais, pour Marcel Dassault, fabriquer des hélices n’est pas suffisant. Il veut passer à l’étape supérieure et développer son propre avion. À cette fin, il crée, avec Henry Potez, la Société d’études aéronautique (SEA). Seulement, les débuts sont difficiles, le premier prototype, le SEA I, étant un échec.

Mais, on tire toujours des leçons d’une déconvenue. Et comme l’explique Dassault Aviation, cette dernière aura fait comprendre au jeune avionneur qu’il « ne faut jamais, sur un prototype, assembler trop d’éléments nouveaux. » D’où la politique des « petits pas » que Marcel Dassault suivra par la suite. Elle consiste à concevoir des prototypes avec des technologies connues et éprouvés en intégrant progressivement des innovations. C’est ainsi que le SEA IV sera commandé à raison de 1.000 exemplaires par le ministère de la Guerre à la fin de l’année 1917.

Mais cet appareil arrivera trop tard, le premier exemplaire de série étant sorti d’usine le… 11 novembre 1918. Seulement une centaine de SEA IV seront livrés, le reste de la commande étant résilié. Après la guerre, Marcel Dassault se tiendra éloigné du monde de l’aviation pendant un temps. Il y reviendra en 1928, avec la création de la « Société des avions Marcel Bloch », à la suite de l’instauration d’un ministère de l’Air par Raymond Poincaré, alors président du Conseil et ministre des Finances.

 

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