Pour le Pentagone, la phase visant à affaiblir Daesh est terminée

f18-20140923

Il faut être prudent sur l’évaluation des capacités de l’État islamique (EI ou Daesh). Si l’on en croit l’Observateur syrien des droits de l’Homme (OSDH) qui, bien que basé à Londres, dispose d’un large réseau d’informateurs en Syrie, l’organisation jihadiste aurait pris le contrôle de plusieurs villages frontaliers avec la Turquie, dans la province d’Alep.

Pour autant, il est clair que Daesh a subi d’importants revers au cours de ces derniers mois, avec son échec à s’emparer de la ville kurde de Kobané et les pertes successives de Tikrit, Sinjar, Ramadi en Irak sans oublier, en Syrie, celles de Chaddadé (face aux Kurdes et au groupes arabes armés soutenus par la coalition dirigée par les États-Unis) et de Palmyre (face au régime syrien, appuyé par l’aviation russe). Et, ce 14 avril, les forces irakiennes ont annoncé avoir repris la ville de Hit, après des semaines de combat.

Avec plus de 11.000 frappes aériennes effectués en Irak et en Syrie par la coalition depuis août 2014, les rangs de Daesh serait désormais « clairsemés ». Du moins, c’est ce qu’a assuré Antony Blinken, le numéro deux de la diplomatie américaine, lors d’une audition au Congrés, le 12 avril.

« En travaillant avec des partenaires locaux, nous avons repris 40% des territoires que Daesh contrôlait il y a un an en Irak et 10% en Syrie », a affirmé M. Blinken. Et d’ajouter : « Nous estimons que les rangs de Daech n’ont jamais été aussi clairsemés depuis que nous avons commencé à dénombrer leurs partisans en 2014. » Toutefois, le responsable américain s’est gardé de donner des chiffres, alors que les effectifs de l’organisation jihadiste sont justement difficiles à évaluer.

Daesh « est clairement en train de perdre du terrain, de perdre des chefs, de perdre des combattants, de perdre de l’argent, et donc, sans surprise, ses membres sont aussi en train de perdre espoir », avait estimé, quelques jours plus tôt, John Kerry, le secrétaire d’État américain, lors d’une visite à Badgdad.

Pour le président Obama, le constat est identique. « Aujourd’hui, sur le terrain, en Syrie et en Irak, l’EI est sur la défensive et nous sommes à l’offensive », a-t-il dit, à l’issue d’une réunion avec son équipe de sécurité nationale au siège de la CIA. Il « n’a pas connu une seule opération terrestre couronnée de succès depuis l’été dernier », a-t-il encore relevé, soulignat que son « leadership vient de vivre des mois difficiles », avec notamment les frappes ayant ciblé ses principaux cadres.

« Les rangs de leurs combattants sont estimés être à leur plus bas niveau depuis deux ans et de plus en plus d’entre eux réalisent qu’ils se battent pour une cause perdue », a insisté le président Obama.

Au Pentagone, cette évaluation est partagée. Porte-parole de la l’opération Inherent Resolve, le colonel Steve Warren a ainsi affirmé que la coalition internationale venait de franchir « avec succès » la première étape du combat contre Daesh, laquelle visait à affaiblir l’organisation jihadiste.

« Notre ennemi a été affaibli et nous travaillons maintenant à son démantèlement. La première phase de notre campagne militaire est terminée », a en effet fait valoir le colonel Warren. « Nous sommes maintenant dans la deuxième phase, qui vise à démanteler cet ennemi », a-t-il continué. La troisième étape visera à empêcher toute résurgence de l’influence jihadiste, en s’appuyant notamment sur les forces locales.

« Bien que l’EI puisse mener des attaques complexes, ils n’ont pas été capables de tenir un territoire clé depuis près d’un an maintenant », a expliqué l’officier américain. « Nous avons frappé des dirigeants, des lignes d’approvisionnement, des combattants, une base industrielle et des sources de financement à la fois en Irak et en Syrie », a-t-il rappelé.

Cela étant, pour démanteler l’EI, il reste encore au moins deux grands objectifs à atteindre : reprendre les villes de Mossoul et de Raqqah, ses deux principaux fiefs, d’ici la fin de cette année. Cela devrait être fait d’ici la fin de l’année, ce qui peut sembler optimiste. En tout cas, pout le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, c’est une nécessité.

Toutefois, « parce qu’il est acculé, Daesh reste plus dangereux que jamais », a estimé le ministre français, lors de son déplacement en Irak, le 11 avril. « Il faut donc continuer à agir pour que ses ressources, ses chefs, ses capacités de planification d’attaques sur le sol européen soient sans cesse frappées et réduites », a-t-il continué. « Cette pression accroîtra bien sûr la probabilité que ce mouvement se fracture, que ceux qui l’ont rejoint par opportunisme cherchent à s’en éloigner », a-t-il ajouté.

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