Gendarmerie : Auteur d’un livre à succès, le général Soubelet va-t-il être sanctionné?

Lors d’une audition dans le cadre de la mission d’information relative à la lutte contre l’insécurité sur tout le territoire lancée par la Commission des lois de l’Assemblée nationale, le général Bertrand Soubelet, alors directeur des Opérations et de l’Emploi de la gendarmerie, avait défrayé la chronique en critiquant une politique pénale qui, selon lui, prenait « plus soin des auteurs (d’actes délictueux) que des victimes ».

Des propos de ce genre ne pouvaient que provoquer quelques vagues et le général Soubelet, numéro trois de la Gendarmerie nationale, fut nommé commandant de la gendarmerie d’outre-mer (CGOM). Aussi prestigieux soit ce poste, il était difficile d’y voir une promotion.

De cette expérience, le général Soubelet en a écrit un livre, intitulé « Tout ce qu’il ne faut pas dire ».

« Des pressions ont été exercées sur moi pour me faire quitter la gendarmerie qui a été ma vie pendant trente-cinq ans. Désormais personne ne peut m’opposer un pseudo devoir de réserve. D’où ce livre », a expliqué le général Soubelet, dans la présentation de son ouvrage.

Et, comme l’on pouvait s’y attendre, la publication de ce livre, qui a fait un tabac en librairie, a fait tiquer en haut lieu. Déjà, le général Favier, le directeur général de la gendarmerie nationale (DGGN), n’a que peu goûté l’initiative de son subordonné. Et il ne s’est pas privé de le dire.

« our ma part, je n’ai pas le temps d’écrire grand-chose d’autre que des notes opérationnelles… Je suis donc surpris qu’un général ‘quatre étoiles’ ait le temps d’écrire des livres », a ainsi « taclé » le général Favier alors qu’il était entendu par la commission de la Défense, à l’Assemblée nationale. Et d’ajouter : « Le problème n’est pas la liberté d’expression c’est le devoir de réserve, qui s’impose particulièrement à un général de corps d’armée dans un contexte où le pays est en crise et où toutes les énergies doivent être orientées vers la gestion de cette crise. »

Cela étant, le général Favier a aussi admis que les interventions du général Soubelet sont « pondérées, mesurées » et qu’elles « ne comprennent pas d’attaque contre la politique du gouvernement actuel ou des gouvernements précédents. »

Cependant, le général Soubelet va être sanctionné. Ainsi, il a confié à l’Essor de la Gendarmerie qu’il allait « bientôt quitter le commandement de la gendarmerie d’outre-mer sans se voir proposer de nouvelle affectation et ce, pour une durée indéterminée. »

En effet, le général Soubelet l’a appris lors d’un rendez-vous avec le général Philippe Mazy, le directeur des ressources humaines de la gendarmerie.

Ce dernier lui a même donné le nom de son successeur, qui devrait être le général Lambert Lucas, l’actuel commandant de la gendarmerie en Guyane. « Un excellent choix », a commenté le général Soubelet auprès de l’Essor.

« J’accepte la décision qui va être prise par le Président de la République, chef des armées », a affirmé le général Soubelet, qui est à trois ans de la limite d’âge. Cela étant, il faut attendre la publication du décret au Journal Officiel pour que cette « mise à l’écart » soit actée.

Le général Soubelet ne voit pas de « raisons professionnelles » à cette « placardisation ». « J’imagine donc que c’est mon livre qui en est à l’origine. Je trouve cela regrettable car, bien que militaire, j’estime m’être exprimé de façon mesurée », a-t-il dit.

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