En ordre de marche, les talibans afghans lancent leur traditionnelle offensive de printemps

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À vrai dire, en raison de la clémence de cet hiver, on n’a pas l’impression que le mouvement taleb afghan ait ralenti le rythme de ses opérations au cours de ces dernières semaines.

Ainsi, début mars, l’on a appris que les forces afghanes avaient dû se retirer de plusieurs districts des provinces du Helmand et d’Uruzgan. Des retraits « tactiques », a-t-on expliqué à Kaboul, afin de se concentrer sur les zones urbaines, jugées prioritaires. Et, selon les chiffres avancés par la mission Resolute Support, menée par l’Otan, au moins 5.500 policiers et soldats afghans ont perdu la vie lors de ces derniers mois.

Aussi, le début, ce 12 avril, de la traditionnelle offensive de printemps des taliban afghans, n’est pas vraiment une annonce. Si ce n’est qu’il faut s’attendre dès à présent à davantage d’attaques et de violences dans les régions où Kaboul peine à maintenir sa présence.

Cette nouvelle offensive de printemps a été appelée « Opération Omari », en l’honneur du mollah Omar, le fondateur du mouvement taleb, dont le décès a été annoncé l’an dernier.

« Le jihad contre l’armée infidèle agressive et usurpatrice est un devoir sacré qui repose sur nos épaules et notre seul moyen de rétablir un système islamique et de reprendre notre indépendance », a fait valoir le mouvement taleb afghan, dans un communiqué. Et, a priori, il n’est nullement question d’engager des pourparlers de paix avec Kaboul.

« L’opération emploiera tous les moyens qui sont à notre disposition pour harceler l’ennemi, miner le moral des envahisseurs étrangers et leurs milices armées », a encore ajouté le mouvement taleb, qui, comme les années précédentes, a de nouveau pris l’engagement d’éviter autant que possible « les victimes civiles » et d’endommager les équipements publics. Or, on a vu, par le passé, que ce n’était pas toujours le cas, bien au contraire…

L’offensive lancée par les taliban en 2015 avait été marquée par la prise, pendant quelques jours, de la ville de Kunduz, dans le nord du pays. À l’époque, le mouvement était pourtant traversé par des dissensions, dues essentiellement par la remise en cause de l’autorité du mollah Mansour, le successeur désigné du mollah Omar.

Il en ira autrement cette année car, justement, le mollah Mansour a pu reprendre en main ses troupes, les cadres s’étant opposés à lui ne représentant plus de menace. Le mollah Dadullah a en effet été « supprimé » et le mollah Rasoul, qui avait pris, en novembre 2015, la tête d’une faction rivale, aurait été mis à l’ombre par les services de renseignements pakistanais, lesquels exercent une grande influence sur le mouvement taleb afghan.

En outre, le mollah Mansour, critiqué par la famille du mollah Omar, a su s’attirer les bonnes grâces de cette dernière. Le fils aîné et un des frères du fondateur du mouvement taleb, à savoir Mohammad Yaqoob et le mollah Abdoul Manan, ont ainsi été nommés au comité militaire de la Choura de Quetta, l’organe décisionnaire des taliban.

« Mansour a bien compris que le temps était venu de faire tout ce qui est en son pouvoir pour éliminer la plus grande faiblesse des talibans: leurs luttes de pouvoir internes », a expliqué, à l’AFP, Michael Kugelman, analyste au centre de réflexion américain Woodrow-Wilson.

« Mansour se prépare à une vaste offensive militaire et à encore plus de victoires spectaculaires remportées sur le gouvernement cette année », a confié, à la même source, le mollah Qasem, un ancien cadre du mouvement taleb basé dans le Helmand. « Une fois qu’il aura remporté ces victoires, peu de commandants oseront encore remettre son autorité en question », a-t-il ajouté.

Reste à voir ce que feront les États-Unis, qui comptent encore 9.800 soldats dans le pays, dont des moyens aeriens indispensables pour assurer des appuis aux forces afghanes. Le général Nicholson, qui commande la mission Resolute Support, mène actuellement une évaluation stratégique de la situation, laquelle pourrait conduire à une réduction drastique des effectifs militaires déployés par Washington. Si tel est le cas, l’accent serait alors mis sur des opérations antiterroristes visant à empêcher le retour d’al-Qaïda (et l’émergence de l’État islamique) en Afghanistan. Mais pour combien de temps?

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