Général Bosser : Vaincre Daesh « pour et par nos valeurs »

bosser-20140709Dans une tribune publiée ce 21 mars par le quotidien « Le Figaro » [.pdf], le général Jean-Pierre Bosser, chef d’état-major de l’armée de Terre, a mis en avant un fait qui n’est que trop rarement souligné : Dès lors que l’on emploie le mot « guerre » pour qualifier le combat contre le terrorisme, celui de « victoire » est « curieusement absent » alors qu’il mériterait, au contraire, d’être « davantage considéré ».

Pour autant, la notion de « victoire » est difficile à appréhender. « À quelle condition précise sera-t-il possible d’affirmer que la guerre est terminée à notre avantage? », demande le général Bosser, avant de livrer deux pistes de réflexion.

La première est que la notion de victoire doit être vue comme « un processus dynamique cumulatif que comme un événement unique suffisamment fort pour infléchir le cours des événements ».

Pour le CEMAT, le progrès technologique ne suffit pas pour vaincre rapidement un ennemi. « La victoire se construit ainsi au quotidien, elle se sédimente au fil des jours par des batailles perdues que l’on surmonte et des batailles remportées sur lesquelles on capitalise », écrit-il. Aussi, « le temps reste un facteur stratégique de premier ordre », explique-t-il.

La seconde réflexion avancée par le général Bosser est que la victoire est relative car « nul n’est victorieux de façon absolue ». La tentation de vouloir la « destruction totale de l’adversaire pour qu’il ne reste que nous » serait ainsi vaine et « improductive ».

Cependant, estime le CEMAT, « vaincre suppose de prendre durablement l’ascendant sur l’adversaire dans tous les champs sur lesquels il s’oppose à nous », c’est à dire qu’il faut « inverser le rapport de force à la fois en affaiblissant » l’adversaire et en « nous renforçant ».

S’agissant de Daesh, le général Bosser voit deux principaux « champs »  : celui des « corps », où les capacités militaires des uns et des autres s’affrontent (c’est actuellement le cas en Irak et en Syrie, voire, demain, en Libye), et celui, moins visible alors qu’il est sans doute « le plus important », des « esprits », c’est à dire « de l’influence, sur lequel notre ennemi actuel est extrêmement performant ».

Si Daesh réussit à recruter de nouveaux combattants, notamment en Europe et particulièrement en France, c’est que son « offre de valeurs » est « séduisante, estime le général Bosser. Aussi, ajoute-t-il, pour gagner cette guerre, il faut « prendre l’ascendant sur le champ des ‘esprits’ par une offre supérieure. »

« Ce combat est principalement à conduire sur notre propre territoire car son lieu d’application n’est autre que la nation française, et principalement ses membres susceptibles d’être tentés par la radicalisation », écrit le CEMAT.

Pour mener ce combat, le général Bosser pense qu’il faut s’appuyer sur l’esprit de résistance et la cohésion nationale, qui forment « le socle d’un véritable projet de société qui permettrait à la Nation de se consolider et à la jeunesse de s’identifier et de canaliser ses énergies de façon vertueuse. »

« Je vois, dans le regard des milliers de jeunes de l’armée de Terre, (…), un désir de servir et d’appartenir à une collectivité qui les dépasse. Je constate une fraternité au-delà des croyances et des origines. Ces hommes et ces femmes appartiennent à la jeunesse de France ; ils ont trouvé dans le monde militaire un projet collectif, des valeurs, un sens à leur existence. Ceux qui rejoignent Daesh sont issus de la même jeunesse, mais vont chercher ces valeurs dans l’islamisme radical… », souligne le général Bosser.

Cette bataille dans le champ des « esprits » est « décisive pour la victoire », insiste le CEMAT. Et, à ce titre, elle « doit être le point d’application de tous les efforts de la Nation » car, ajoute-t-il, il ne faut pas attendre de nouveaux attentats « pour nous rassembler durablement autour de nos valeurs » car la « victoire, notre seul but, passe par là!! ».

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