Libye : M. Sarkozy répond au président Obama en le critiquant sur le dossier syrien

« Obama? C’est mon copain », avait assuré Nicolas Sarkozy, alors que l’actuel président américain était encore en course pour gagner la Maison Blanche, face à John McCain, son rival du Parti républicain.

Près de huit ans plus tard, l’ancien président français ne voit sans doute plus Barack Obama comme son copain. Il y a quelques jours, dans un entretien accordé au magazine The Atlantic, ce dernier n’a pas ménagé ses critiques à l’endroit de MM. Sarkozy et Cameron [Premier ministre britannique, ndlr] pour leur rôle dans les opérations militaires menées en Libye, en 2011, et surtout leur manque d’implication après la chute du colonel Kadhafi.

La suite est connue : la Libye est aujourd’hui politiquement divisée, avec deux gouvernement rivaux, ce qui profite aux groupes jihadistes, dont l’État islamique, et risque de déstabiliser davantage la région.

« Lorsque je me demande pourquoi cela a mal tourné, je réalise que j’étais convaincu que les Européens – étant donné la proximité de la Libye – seraient plus impliqués dans le suivi », a en effet déclaré M. Obama, qui, au passage, a taclé M. Sarkozy en disant qu’il « voulait claironner ses succès dans la campagne aérienne alors que nous avions détruit toutes les défenses anti-aériennes. »

Dans un entretien diffusé le 19 mars par la chaîne iTÉLÉ, M. Sarkozy a donc répondu au locataire de la Maison Blanche. « Je ne veux pas polémiquer avec M. Obama, dont chacun sait que l’action n’est pas son fort », a-t-il lancé.

Sur l’affaire libyenne, l’ancien président a rappelé que « les avions français sont rentrés les premiers dans le ciel libyen » [ce qui est exact, avec une première frappe effectuée à Benghazi, ndlr] et que « au bout de huit jours, M. Obama a décidé de retirer l’armée américaine et a conceptualisé cette fameuse théorie du ‘leading from behind’, le leadership de l’arrière. » Et d’ironiser : « Vous savez, le leadership par l’arrière, ça n’existe pas » car « on est leader ou on n’est pas leader » et quand « on est leader, on conduit une opération ».

Par ailleurs, M. Sarkozy a, à son tour, taclé le président Obama… sur le dossier syrien. Assurant qu’il ne voulait « pas polémiquer » avec le chef de la Maison Blanche, il a néanmoins estimé que « l’action n’est pas son fort ». En particulier s’agissant de la Syrie.

« M. Obama avait dit ‘À la minute où Bachar al-Assad emploie des armes chimiques nous interviendrons’. Bachar el-Assad a employé des armes chimiques, ils ne sont pas intervenus. Quand on fixe des limites, qu’elles sont franchies et qu’on ne fait rien après, ce n’est pas bon signe », a ainsi déploré M. Sarkozy.

Son rival victorieux à l’élection présidentielle de 2012 pourrait en dire autant : le président Hollande était en effet prêt à « punir » Bachar el-Assad après l’attaque chimique menée dans un faubourg de Damas en août 2013… avant d’être lâché par son homologue américain.

Pour autant, M. Obama ne regrette pas sa décision de ne pas avoir lancé une campagne de frappes contre le régime d’el-Assad. « Je suis très fier de ce moment », a-t-il confié à The Atlantic.

« La perception était alors que ma crédibilité était en jeu, que la crédibilité de l’Amérique était en jeu. En appuyant sur le bouton pause à ce moment-là, je savais que cela aurait un coût politique pour moi », a-t-il expliqué. Et d’insister : « Le fait que j’ai été capable de m’abstraire de la pression immédiate et de réfléchir à ce qui était dans l’intérêt de l’Amérique, pas seulement par rapport à la Syrie mais aussi par rapport à notre démocratie, a été l’une des décisions les plus difficiles qui soit. »

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