Le président égyptien propose une stratégie « globale » contre les groupes jihadistes en Afrique

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Le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, n’est pas très chaud à l’idée d’une éventuelle intervention militaire occidentale contre la branche libyenne de l’État islamique (EI ou Daesh), comme d’ailleurs les pays voisins de la Libye. Et il ne s’est pas privé de le dire dans un entretien accordé au quotidien italien La Repubblica.

« Il faut garder à l’esprit deux leçons : celle de l’Afghanistan et celle de la Somalie : il y a eu des interventions étrangères il y a plus de trente ans et quels progrès ont été enregistrés depuis lors », a ainsi demandé le président égyptien. « Les résultats sont sous le regard de tous, l’Histoire parle clairement », a-t-il ajouté.

Alors, que propose le maréchal al-Sissi? En premier lieu, toute initiative européenne ou internationale devrait être lancée « sur demande libyenne et sous le mandat des Nations unies et de la Ligue arabe », a-t-il dit. On n’en est pas encore là…

En outre, avant de lancer une opération militaire internationale en Libye, qui serait sous commandement italien, le maréchal al-Sissi estime qu’il faut répondre préalablement à 5 questions :

1/ Comment entrons-nous en Libye et comment en sortons-nous?

2/ Qui aura la responsabilité de reconstituer les forces armées et les appareils de police?

3/ Au cours de la mission, comment fera-t-on pour gérer la sécurité et protéger la population?

4/ Une intervention sera-t-elle en mesure de subvenir aux besoins et aux nécessités de toutes les communautés et peuples de Libye ?

5/ Qui se chargera de la reconstruction nationale?

Aussi, le président égyptien pense que le mieux est de soutenir l’Armée nationale libyennne (ANL) commandée par le général Khalifa Haftar. « Il y a des résultats positifs qui peuvent être atteints si nous la soutenons. Et ces résultats peuvent être obtenus avant que nous assumions la responsabilité d’une intervention », a-t-il dit.

Cette position est proche de celle avancée en décembre dernier par Jean-Yves Le Drian, le ministre français de la Défense. Les Libyens ont « eux-mêmes les moyens militaires pour enrayer la progression de Daesh donc il faut qu’ils s’unissent politiquement », avait-il dit à l’antenne de RTL.

Tout le problème est donc d’arriver à faire cesser les rivalités entre les deux clans qui se disputent le pouvoir en Libye… Et que le général Haftar fasse l’unanimité à la tête des forces libyennes. Ce qui est encore loin d’être gagné.

« Si nous fournisssons des armes et un soutien à l’Armée nationale libyenne, elle peut faire le travail mieux que n’importe qui d’autre, mieux que toute intervention extérieure qui risque au contraire de nous amener dans une situation qui nous échappe et qui provoque des développements incontrôlables », a insisté le président égyptien.

Par ailleurs, le maréchal al-Sissi pense que se focaliser uniquement sur la branche libyenne de Daesh serait une « grave erreur ».

« Les Européens regardent la Libye comme si le groupe État islamique était l’unique menace. (…) C’est une erreur grave (…) Nous devons être conscients que nous avons devant nous différents sigles porteurs de la même idéologie : que dire des réseaux d’al-Qaïda comme Ansar al-Islam, comme les shebab somaliens et jusqu’à Boko Haram en Afrique? », a-t-il dit.

Aussi, selon lui, il faut une « stratégie globale » pour empêcher la déstabilisation des pays de la région (à commencer par le sien, menacé à la fois à l’ouest par les jihadistes libyens et à l’est, dans le Sinaï, par Daesh). Faute de quoi, a-t-il prévenu, les Européens risquent de voir arriver « une vague de réfugiés deux ou trois fois plus grande qu’aujourd’hui. »

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