Vers le retour d’une production française de munitions de petit calibre?

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Depuis la fin des années 1990, la France ne produit plus de munitions de petit calibre et s’approvisionne désormais à l’étranger, ce qui a pu causer quelques problèmes par le passé, notamment quand il s’est agi d’utiliser les cartouches aquises auprès de la société ADCOM, implantée aux Émirats arabes unis.

Pour autant, du point de vue du ministère de la Défense, il n’est pas question de faire renaître, en France, une capacité de production de munitions de petit calibre dans la mesure où « la quantité de cartouches consommées par les armées françaises » serait « insuffisante pour permettre l’équilibre économique d’une telle filière, qui serait en outre confrontée à une concurrence étrangère capable de satisfaire les besoins de nos forces et extrêmement développée sur ce segment de marché. »

Ce point de vue a été battu en brèche par un rapport publié en décembre 2015 par les députés Nicolas Bays (PS) et Nicolas Dhuicq (LR). Ces derniers ont en effet plaidé en faveur d’une « étude sérieuse » portant sur les « conditions de la reconstitution d’une filière de production française de munitions de petit calibre », estimant qu’il s’agit d’un intérêt stratégique.

« Comment est-il possible de s’assurer qu’aucun de nos fournisseurs ne sera contraint de cesser ses livraisons en raison d’une législation nationale? Comment est-on certain d’un approvisionnement en cas de conflit majeur et pourquoi serions-nous dans ce cas les premiers servis? Pourquoi, si nos voisins parviennent à faire vivre une industrie de munitions de petit calibre, ne le pourrions-nous pas? », ont-ils demandé dans leur rapport.

Au détour de l’audition, par la commission de la Défense, à l’Assemblée nationale, de Stéphane Mayer, le Pdg de Nexter et le co-directeur d’Honosthor [nom de l’alliance entre le groupe français et Krauss-Maffei Wegmann, ndlr], l’on apprend, de la bouche de Nicolas Bays que TDA Armements, filiale de Thales, envisagerait de produire des munitions de petit calibre en France.

« TDA nous a fait part d’une éventuelle volonté de recréer une filière de munitions de petit calibre par rapatriement d’une ligne de production australienne [Australian Munitons] », a en effet affirmé le député, avant de demander si Nexter comptait en faire de même.

« Quant à la filière des munitions de petit calibre nous estimons qu’il serait techniquement possible de la recréer mais que cela impliquerait des coûts très élevés, nous empêchant d’atteindre une compétitivité suffisante par rapport à nos concurrents qui disposent déjà d’une base industrielle et de marchés. Faute de perspectives de rentabilité satisfaisante, nous n’envisageons donc pas de nous relancer dans cette activité sur nos fonds propres », a répondu Stéphane Mayer.

Cela étant, le Pdg de Nexter a admis qu’aucune étude poussée des coûts liés à une éventuelle reprise d’une production française de munitions de petit calibre n’avait été faite par son groupe.

« Les ingénieurs de Nexter parlent de dizaines de millions d’euros voire d’une centaine de millions », a affirmé M. Mayer. Une estimation au doigt mouillé, donc… Toutefois, a-t-il continué, « si TDA a une solution consistant à rapatrier une chaîne existante, cela me semblerait plus économique. » Et d’ajouter : « Nous pourrons toujours lancer une étude plus détaillée si un client nous fait une demande en ce sens ».

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