Le chef militaire de Daesh visé par une frappe américaine en Syrie

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Comme l’expliquait récemment le chercheur Romain Caillet à iTélé, les jihadistes tchétchènes constituent « l’élite » des combattants de l’État islamique (EI ou Daesh) étant donné qu’ils ont remporté des succès militaires importants en Syrie et en Irak, grâce à l’expérience acquise face aux troupes russes dans le Caucase au cours de ces dernières années.

« Les Tchétchènes sont les meilleurs combattants. En janvier 2014, face à l’offensive rebelle, Omar al-Chichani avait retourné la situation à Alep. Les Tchéchènes ont l’habitude de se faire bombarder. Ce sont aussi de petits groupes de Tchétchènes qui ont pris l’aéroport de Palmyre. Aujourd’hui, Omar al-Chichani est le seul haut responsable de l’EI à ne pas être irakien », a-t-il expliqué.

Ces succès ont donc contribué à établir la réputation de cet Omar al-Chichani (son vrai nom étant Tarkhan Batirashvili). Du coup, ce dernier a grimpé les échelons de la hiérarchie de Daesh au point d’être nommé « émir » des forces combattantes de l’organisation jihadiste.

Sans doute faut-il désormais en parler au passé car al-Chichani a probablement été tué par une frappe américaine effectuée le 4 mars dans la région de Chaddadé, dans le nord-est de la Syrie, alors que ses troupes étaient mises sous pression par les Forces démocratiques syrienne (FDS), une alliance qui regroupe les milices kurdes syriennes (YPG) et des mouvements armés arabes.

« Les premières évaluations indiquent qu’il a été probablement tué avec 12 autres combattants » a en effet indiqué le Pentagone, qui a parlé d’un raid ayant impliqué « plusieurs vagues d’avions et de drones ».

Si son élimination est confirmée, alors cela va « affecter la capacité de l’EI à recruter des combattants étrangers, spécialement de Tchétchénie et du Caucase » ainsi que sa « capacité à coordonner la défense de ses bastions », dont Raqqa et Mossoul, a fait valoir Peter Cook, un porte-parole du Pentagone.

Seulement, il reste à obtenir la confirmation de la mort d’al-Chichani, ce qui n’est jamais facile. Qui plus est, Daesh met du temps à admettre l’élimination de ses cadres les plus en vue.

Connu pour son épaisse barbe rousse, al-Chichani, contrairement à ce qu’indique son nom de guerre, est de nationalité géorgienne, via son père (sa mère étant Tchétchène). Né en 1986 à Birkiani, un village de la vallée du Pankissi, il y a vu arriver, en 1999, de nombreux réfugiés et combattants tchétchènes. Cette région passera ensuite pour un haut lieu de l’islamisme radical, avant d’être « nettoyée » par l’armée géorgienne, appuyé par des conseillers militaires américains.

À l’âge de 20 ans, celui qui s’appelle encore Tarkhan Batirashvili est appelé à faire son service militaire avant de s’engager dans l’armée, où il obtient ses galons de sergent. C’est ainsi qu’il participera à la guerre russo-georgienne d’août 2008. A priori réformé pour raison de santé, il est arrêté deux ans plus tard pour détention illégale d’armes. Il se serait radicalisé en prison. En tout cas, une fois libéré, il part en Turquie avant de gagner la Syrie, où la guerre civile venait de commencer. Puis, en 2013, il intègre les rangs de Daesh.

Nommé émir pour le front nord de la Syrie, il remporte plusieurs succès militaires sur le terrain, en particulier face aux rebelles syriens. Puis, en juin 2014, Omar al-Chichani prend du galon et remplace Abou Abdel Rahman al-Bilaoui, tué à Mossoul, à la tête de tous les combattants de Daesh. Les États-Unis mettent alors sa tête à prix pour 5 millions de dollars.

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