Pékin augmente significativement ses capacités de surveillance en mer de Chine méridionale

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Une semaine après la confirmation de la présence de systèmes de défense aérienne chinois Hongqi-9 (HQ-9) sur l’île de Woody Island (Yongxing), située dans l’archipel des Paracels, le Centre d’études stratégiques et internationales (CSIS), qui suit de près les évolutions en mer de Chine méridionale, a affirmé que Pékin avait installé des radars dernier cri sur plusieurs récifs de la région.

Pour rappel, Pékin entend faire valoir sa souveraineté sur la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale, en particulier sur les archipels Spratleys et Paracels, dont la position est stratégique, en plus de receler, probablement, des réserves importantes d’hydrocarbures.

Or, les pays riverains (Taïwan, Bruneï, Vietnam, Malaisie et Philippines) contestent la mainmise chinoise sur cette partie du monde et redoutent d’être mis devant le fait accompli, étant donné que la Chine y aménage des récifs inhabités en plateformes militaires afin d’y déployer des capacités de déni d’accès et d’interdiction de zone (Anti-Access/Area Denial ou A2/AD).

Plusieurs puissances occidentales, dont la France et les États-Unis, ont fait part de leurs préoccupations. Ainsi, Washington a dénoncé la « militarisation » des archipels Paracels et Spratleys, laquelle menace la liberté de navigation dans ce secteur, situé à un carrefour de plusieurs voies maritimes commerciales. Mais rien n’y fait. Pas même l’envoi de destroyer patrouiller à moins de 12 milles des territoires revendiqués par Pékin.

Ainsi, d’après les images satellites du récif de Cuarteron (Huayang) diffusées par le CSIS, l’on peut distinguer un radar probablement à haute fréquence, des équipements de télécommunications, un phare et la partie supérieure d’un bunker souterrain. D’autres récifs (Gaven, Hughes, Johnson South) sont en train d’accueillir des matériels semblables.

« L’installation d’un radar à haute fréquence sur le récif de Cuarteron renforcerait considérablement la capacité de la Chine à surveiller le trafic maritime et aérien en provenance du nord du détroit de Malacca et d’autres canaux stratégiques », estime le CSIS. En clair, les capacités de détection chinoises s’en trouveraient améliorées de façon « exponentielle » dans la région.

« Cela sera plus difficile pour les Etats-Unis et les autres forces navales et aériennes de la région de se déplacer (…) sans être repérées », a estimé Euan Graham, du centre de recherche australien Lowy Institute, interrogé par l’AFP.

En tout cas, il est clair que les capacités A2/AD déployées par Pékin vont compliquer lourdement la tâche des États-Unis, alliés de la plupart des pays ayant aussi des prétentions en mer de Chine méridionale, d’autant plus qu’elles sont couplées à des moyens de frappe (missiles balistique et de croisière) susceptibles d’atteindre les bases de l’US Air Force dans la région (ce qui mettrait à bas toute idée de supériorité aérienne américaine) ainsi qu’à des systèmes de guerre électronique susceptibles de dégrader les dispositifs C4ISR (Computerized Command, Control, Communications – Intelligence, Surveillance et Reconnaissance.

Aussi, pour oeuvrer dans un environnement « non permissif », il faudra de nouvelles capacités. Et rapidement. C’est en effet ce qu’a demandé l’amiral Harry Harris, le chef du commandement militaire américain pour le Pacifique (US PACOM), lors d’une audition au Congrès, le 23 février. « Pour moi, Pékin, est clairement en train de militariser la mer de Chine du sud », a-t-il affirmé. « Si vous prétendez le contraire, c’est que vous croyez que la terre est plate », a-t-il ajouté, avant de déplorer que l’US Navy employait toujours des armes qui étaient déjà en service quand il débuta sa carrière, dans les années 1970.

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