Le Congrès américain aura à se prononcer sur la vente de 8 avions F-16 au Pakistan

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La Defense Security Cooperation Agency (DSCA), l’agence chargée de gérer les exportations américaines de matériels militaires, a donné, le 12 février, un avis positif au sujet de la vente potentielle de 8 avions de combat F-16 Block 52.

Le contrat prévoit, outre les 8 appareils, la livraison de 14 casques avec viseurs à affichage JHMCS (Joint Helmet Mounted Cueing Systems), 8 radars AN/APG-68 ainsi que des systèmes de guerre électronique. Au total, son montant est de 699 millions de dollars, formation et support logistique compris.

« Cette vente contribue aux objectifs de politique étrangère des Etats-Unis et à ceux de sécurité nationale en aidant à améliorer la sécurité d’un partenaire stratégique en Asie du Sud » ainsi que la « la capacité du Pakistan à faire face aux menaces actuelles et futures en matière de sécurité », a plaidé la DSCA dans son avis.

En outre, a ajouté l’agence du Pentagone, la livraison de ces 8 F-16 permettra à l’aviation pakistanaise de « mener des opérations de contre-insurrection et de contre-terrorisme » et ne portera pas atteinte à l’équilibre militaire dans la région.

Seulement, tel n’est pas l’avis de l’Inde, qui suite à la publication de cet avis, a convoqué l’ambassadeur américain en poste à New Delhi pour avoir quelques explications et lui faire part de son « mécontentement ».

« Nous sommes déçus de la décision de l’administration Obama de notifier la vente de F-16 avions au Pakistan. Nous sommes en désaccord avec leur justification selon laquelle les transferts d’armements contribuent à lutter contre le terrorisme », a ainsi réagi le ministère indien des Affaires étrangères.

Le Congrès américain a désormais 30 jours pour donner ou non son feu vert à cette vente. Le président du comité sénatorial des Affaires étrangères, Bob Corker, a déjà fait connaître son opposition à ce contrat et indiqué qu’il ne donnerait pas son autorisation à l’utilisation de l’aide américaine accordée au Pakistan pour financer l’acquisition de ces F-16.

Dans un courrier adressé à John Kerry, le secrétaire d’État, le sénateur Corker, du Parti républicain, s’est en outre dit « préoccupé » par les liens « supposés » qu’entretient Islamabad avec le réseau Haqqani, un groupe faisant partie de la mouvance des taliban et proche d’al-Qaïda.

L’attitude du Pakistan à l’égard des mouvements extrémistes a toujours été ambigüe, dans la mesure où ses services de renseingnement (ISI) soutiennent le mouvement taleb afghan ainsi que d’autres groupes actifs au Cachemire. Cette proximité a été la source de tensions entre Washington et Islamabad au cours de ces dernières années. « Le réseau Haqqani agit comme le véritable bras de l’ISI pakistanais », avait même lancé, en septembre 2011, l’amiral Mullen, alors chef d’état-major interarmées, lors d’un audition au Congrès.

Il y a encore quelques jours, après l’attaque d’une université dans le nord-ouest du Pakistan (21 tués), le président Obama avait exhorté Islamabad à montrer son « sérieux » dans la lutte contre les groupes jihadistes sévissant sur son territoire.

En savoir plus :  La relation Pakistan – Etats-Unis : un patron et son client au bord de la rupture? par Christophe Jaffrelot [CERI Sciences Po]

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