La CIA estime crédible une possible attaque chimique de Daesh ailleurs qu’en Irak et en Syrie

Jusqu’à présent, les autorités américaines ont fait preuve d’une certaine prudence au sujet des allégations sur le possible emploi par l’État islamique (EI ou Daesh) d’armes chimiques en Irak et en Syrie.

En novembre, l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) avait été en mesure de confirmer l’usage, en août 2015, d’ypérite (ou gaz moutarde) à Marea, localité située dans la province d’Alep. Pour autant, elle avait précisé ne pas être en mesure d’en déterminer les responsables. Mais l’on sait que, au moment des faits, les jihadistes de Daesh avaient tiré une cinquantaine d’obus dans le secteur.

Plus tôt, plusieurs cas d’utilisation par Daesh de gaz chlorés (dichlore ou Bertholite) en Irak avaient été rapportés. L’usage de gaz sarin par les jihadistes lors de la bataille de Kobané fut même avancé mais cela n’a jamais été officiellement confirmé.

En outre, toujours en août 2015, une autre attaque chimique a été signalée à Makhmour, dans le nord de l’Irak. En octobre, le gouvernement du Kurdistan autonome irakien fit savoir que des tests sanguins pratiqués sur des peshmergas (combattants kurdes, ndlr) avaient déterminé la présence « de traces de gaz moutarde ».

« L’utilisation du chlore par Daesh, et le recrutement de professionnels hautement formés techniquement, dont certains viennent d’Occident, révèlent le sérieux du développement d’armes chimiques opéré par l’organisation terroriste », avait commenté, en juin 2015,  Julie Bishop, la ministre australienne des Affaires étrangères.

Dans son dernier rapport, le directeur national du renseignement américain, James Clapper, a évoqué au moins un cas possible d’utilisation de gaz moutarde par Daesh (celui évoqué par l’OIAC) mais il ne s’est pas attardé dessus. Ce que le directeur de la CIA, John Brennan, n’a pas hésité à faire lors d’un entretien accordé à la chaîne de télévision CBS.

« Le groupe État islamique a déjà utilisé à plusieurs reprises des armes chimiques sur le champ de bataille », a en effet affirmé M. Brennan. « La CIA pense que l’EI a la capacité de fabriquer des petites quantités de chlorine et de gaz moutarde », a-t-il ajouté.

Aussi, comme Daesh est sous pression en Irak et en Syrie et qu’on lui prête l’intention, en conséquence, de mener davantage d’attentats à l’extérieur de son « califat » autoproclamé , la question d’une éventuelle attaque chimique en Europe, voire aux États-Unis se pose. Or, visiblement, cette hypothèse est crédible aux yeux du directeur de la CIA, d’autant plus qu’il y a déjà eu un précédent, en 1995, avec du gaz sarin fabriqué et répandu par une secte japonaise extrémiste dans le métro de Tokyo.

« Il est possible que cela arrive », a-t-il dit. « C’est pour cela qu’il est si important de couper les diverses routes de transport et de contrebande que (les jihadistes) utilisent », a-t-il ajouté.

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