Migrants : À la demande de l’Allemagne, l’Otan va lancer une mission navale en mer Égée

Quand, en début de semaine, s’exprimant au sujet de la crise migratoire, qui risque encore de s’aggraver à cause des combats ayant lieu actuellement à Alep (Syrie), elle a annoncé son intention de solliciter l’Otan conjointement avec la Turquie, Angela Merkel, la chancelière allemande, a surpris pratiquement tout le monde, y compris ses diplomates.

D’après l’AFP, même la délégation allemande auprès de l’Otan n’avait pas été informée des intentions de Mme Merkel. L’un de ses membres s’est dit « perplexe sur ce que ça peut signifier », estimant qu’une opération navale en Méditerranée orientale pour y surveiller le trafic maritime poserait « énormément de problèmes ».

Sans connaître les intentions allemandes et turques, Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Otan, a indiqué, le lendemain, que cette demande d’aide serait « étudiées très sérieusement » à l’occasion d’une réunion des 28 ministres de la Défense des pays membres de l’Alliance atlantique.

Jusqu’alors, l’Otan a été tenue à l’écart de la crise migratoire qui affecte l’Europe, étant donné qu’il n’est pas dans son mandat de surveiller les frontières et de combattre les activités criminelles liées aux trafics d’êtres humains. Ce que fait d’ailleurs l’opération Sophia, lancée en juin dernier par l’Union européenne en Méditerranée centrale, et plus précisément entre la Libye et les côtes italiennes.

Finalement, à la demande de l’Allemagne, mais aussi de la Turquie et de la Grèce (dont le Premier ministre, Alexis Tsipras, avait dans un premier temps exprimé des réserves sur l’initiative de Mme Merkel), l’Otan lancera sans tarder une opération navale en mer Égée, sous commandement allemand, pour des « activités de surveillance », avec le Standing Nato Maritime Group 2 (SNMG-2), commandé actuellement par un amiral de la Deutsche Marine. Il est composé par HS Salamis (Grèce), l’ITS Libeccio (Italie), le TCG Barbaros (Turquie), le HMS Fredericton (Canada) et le FGS Bonn (Allemagne)

Cette mission doit « toutefois être encore formellement mise sur pied », a précisé, ce 11 février, M. Stoltenberg. Il faudra ainsi établir les procédures pour le partage des informations entre les garde-côtes grecs et turcs, ainsi qu’avec l’agence Frontex, qui surveille les frontières de l’espace Schengen.

« Il ne s’agit pas d’arrêter ou de repousser des bateaux de réfugiés, a précisé le secrétaire général de l’Otan. « La mission fournira des informations et une surveillance essentielles pour aider à lutter contre le trafic humain et les réseaux criminels, en coopération avec les garde-côtes nationaux et l’Union européenne », a-t-il expliqué.

Toujours au sujet des buts de cette mission, la ministre allemande de la Défense, Ursula von der Leyen, a précisé qu’il s’agit de « ralentir le flux de migrants entre la Turquie et la Grèce et de lutter contre les réseaux de passeurs ».

Quant à savoir si la présence de navires de l’Otan en mer Égée n’allait pas, justement, avoir l’effet inverse dans la mesure où les passeurs turcs pourraient envoyer davantage d’embarcations pleines de réfugiés, comptant sur leur sauvetage dans le cadre du droit de la mer, Mme von der Leyen a parlé d’un « accord solide » avec Ankara pour renvoyer les migrants en Turquie.

Par ailleurs, a indiqué M. Stoltenberg, « plusieurs Alliés ont annoncé qu’ils étaient prêts à renforcer » le SNMG-2.  » Je m’attends à ce qu’il soit élargi dans un avenir proche », a-t-il ajouté.

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