Pour un général américain, il faut « connecter la police aux militaires » pour réagir aux attaques terroristes

État islamique en Libye, pays dans lequel d’autres formations extrêmistes prolifèrent, Boko Haram dans la région du Lac Tchad, milices Shebab en Somalie, al-Qaïda au Maghreb islamique, Ansar Dine ou encore al-Mourabitoune au Sahel, l’organisation islamiste ADF-Nalu en République démocratique du Congo…. La menace jihadiste s’étend sur le continent africain, malgré les actions militaires menées avec succès, comme par exemple les opérations françaises Serval ou Barkhane, qui ont permis – et permettent encore – de l’amoindrir.

Aussi, le contre-terrorisme sera le sujet de l’exercice militaire international Flintlock, qui, organisé chaque année par l’US Africom, le commandement militaire américain pour l’Afrique, vient d’être lancé au Sénégal, avec 1.700 opérateurs des forces spéciales venus d’une trentaine de pays d’Afrique, d’Amérique et d’Europe [dont la France]

À cette occasion, le général Donald Bolduc, le patron des forces spéciales américaines en Afrique, a estimé que le combat contre les groupes terroristes « s’inscrit dans le long terme » et qu’il était nécessaire de « maintenir le cap » tout en encourageant la coopération de tout le monde.

Selon ce général, l’une des première chose à faire est de « combattre la version des faits » présentée par ces groupes jihadistes afin de limiter leur pouvoir d’attraction et donc leur recrutement. Pas sûr que cela soit suffisant, tant il y a d’autres paramètres à prendre en compte, qu’ils soient politiques, éthniques et sociaux.

Quoi qu’il en soit, s’ils sont parfois concurrents (il arrive que ceux relevant de l’EI s’attaquent à ceux restés loyaux à al-Qaïda) et ne partagent pas les mêmes objectifs, ces groupes jihadistes arrivent, d’après le général Bolduc, « à apprendre les uns des autres ».

« Ces 12 derniers mois, ils sont devenus plus actifs. Ils ont exporté des tactiques et des techniques, en particulier en matière d’engins explosifs improvisés, et échangé des idées et des concepts sur la manière de se présenter publiquement, ont consolidé leur idéologie et ce qu’ils représentent », a-t-il expliqué.

En outre, ils savent s’adapter et faire preuve de résilience. Ainsi, a continé le général Bolduc, quand ils se regroupent « pour combattre quasiment comme une unité terrestre » et quand ils sont « vaincus », ils « se dispersent en éléments plus petits pour lancer des attaques de types asymétriques ». C’est le mode opératoire qu’a suivi Boko Haram dans le nord du Nigéria.

« Et il faut pouvoir riposter à cela. Donc, tant que nous n’aurons pas un dispositif global bien équilibré entre le militaire, le policier et le non-sécuritaire, ils continueront à alterner entre ces différents types de combat », a estimé le général américain. Donc, a-t-il ajouté, il « faut pouvoir faire les deux, d’où la nécessité de cette coopération régionale » entre États

« Nous aidons en termes de partage de renseignement, d’exploitation de sites sensibles, et de formation contre les engins explosifs improvisés, qui est l’un des enseignements les plus recherchés par nos partenaires parce que c’est ce que l’ennemi utilise principalement », a fait valoir le général Bolduc.

Alors que, au cours de ces dernières semaines, al-Mourabitoune et AQMI ont revendiqué deux attaques contre des hôtels (à Bamako, le 20 novembre et à Ouagadougou le 15 janvier) ayant nécessité l’intervention de forces spéciales françaises et américaines, le général Bolduc a affirmé que « la formation la plus importante que nous puissions apporter » dans le cadre de Flintlock 2016 est de « connecter cet entraînement militaire à la police, qui, en zone urbaine, doit fournir la première réaction et évaluer la situation avant l’arrivée des militaires ».

« C’est l’une des choses que Flintlock 16 fait pour la première fois : connecter la police aux militaires afin de pouvoir réagir à de telles attaques », a-t-il dit.

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