Les pays européens membres de l’Otan ont globalement cessé de baisser leurs dépenses militaires

La crise économique de 2008 a bon dos pour expliquer les baisses, souvent drastiques, des dépenses militaires de la plupart des pays européens membres de l’Otan. Ce mouvement avait été enclenché bien avant, à une époque où l’on croyait pouvoir engranger les fameux « dividendes de la paix ». Et, du coup, en terme d’effort de défense, l’Europe a été dépassée par l’Asie.

« Les Européens ont pensé, bien avant la crise économique et budgétaire, que la paix sur notre continent s’étendrait au reste du monde par une espèce de porosité vertueuse. Or, ce sont désormais de nos frontières que s’approchent les conflits », soulignait récemment Jean-Yves Le Drian, le ministre français de la Défense.

Crise en Ukraine, émergence de Daesh en Irak et en Syrie, prolifération de groupes terroristes en Afrique et en Asie, attentats sur le sol européen, tensions en mer de Chine, instabilité chronique au Moyen-Orient… Les menaces s’ajoutent aux menaces. D’où l’augmentation des budgets militaires chez la plupart des pays européens, dont certains ont fait l’amère constat que leurs forces armées n’avaient plus les moyens d’assurer certaines de leurs missions après des années de coupes sombres dans leurs ressources.

Le dernier rapport de l’Otan confirme ainsi cette tendance. « près de nombreuses années de fortes réductions des dépenses de défense, et un an après avoir pris un tel engagement, les coupes ont pratiquement cessé dans la plupart des pays européens de l’Otan et au Canada. En 2015, elles ont été quasiment nulles », a ainsi commenté Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Alliance atlantique. « L’image est contrastée, mais l’image est meilleure », a-t-il ajouté.

Le fait est. Seulement 16 pays sur 28 ont revu à la hausse leur effort de défense (France, Royaume-Uni, pays baltes, Pologne, Allemagne, etc…). D’autres ont cependant cependant continué à tailler dans leurs dépenses militaires. Il s’agit notamment de la Belgique (-5,8%), de l’Italie (-12,4%), de la Hongrie ou encore de l’Espagne.

Alors que le États membres de l’Otan ont pris l’engagement, en septembre 2014, de porter leur effort de défense à äu moins 2% de leur PIB en 2025, certains s’éloignent de cet objectif. Bien évidemment, c’est le cas de la Belgique, dont les dépenses militaires ne représentent plus que 0,9% de son PIB.

Mais c’est aussi, et il est regrettable d’en faire le constat, celui de l’Italie, dont l’effort de défense est passé de 1,09% à 0,95% du PIB en un an. L’Espagne connaît la même évolution (0,89% du PIB). En tout, 7 membres de l’Otan ont des dépenses militaires inférieures à 1% de leur PIB. Sans doute qu’ils seront plus nombreux l’an prochain : le budget canadien de la Défense « flirte » avec cette limite depuis maintenant quelques années.

Quoi qu’il en soit, M. Stoltenberg est loin de se satisfaire de cet arrêt « global » de la baisse des dépenses militaires sur le Vieux Continent. « Davantage doit être fait pour accroître les investissements de défense face à des défis majeurs en matière de sécurité », a-t-il fait valoir.

Même si certains pays ont revu à la hausse leur effort de défense, c’est encore insuffisant. Cette tendance, inversée par rapport à celles constatées les années précédentes, « ne permettra pas à une très large majorité d’Etats de rejoindre l’objectif fixé au Sommet de l’OTAN en 2014 des 2 % du PIB consacrés aux dépenses de défense à horizon 2025 », estimait M. Le Drian, lors de l’inauguration de la chaire « Grands enjeux stratégiques » à la Sorbonne.

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