Les États-Unis prêts à traquer l’État islamique en Libye

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Les efforts des Nations unies pour doter la Libye d’un gouvernement d’union nationale dirigé par l’homme d’affaires Fayez al-Sarraj se heurtent pour le moment à l’hostilité des deux factions qui se disputent le pouvoir.

Ainsi, cette semaine, le Parlement de Tobrouk, qui soutient le gouverment reconnu par la communauté internationale et installé dans l’est du pays, a rejeté l’accord politique de Skhirat (Maroc) obtenu en décembre par les Nations unies en vue d’obtenir une union nationale en Libye. La raison officielle est que l’équipe gouvernementale que doit diriger Fayez al-Sarraj compte trop de ministres. Officieusement, l’explication serait liée au sort du général Khalifa Haftar, le commandant des forces libyennes.

L’accord de Skhirat n’est pas plus accepté par le Congrès général national (CGN), un autre Parlement installé à Tripoli, qui soutient un gouvernement rival installé avec le concours de la milice Fajr Libya, composée d’éléments islamistes.

Aussi, le 1er février prochain, l’Union européenne examinera d’éventuelles sanctions contre deux responsables politiques libyens en raison de leur opposition à l’accord de Skhirat, à savoir Nouri Abou Sahmein, le président du CGN, Khalifa al-Ghweil et le Premier ministre du gouvernement de Tripoli, non reconnu par la communauté internationale.

La formation de ce gouvernement d’unité nationale est indispensable pour espérer régler les problèmes sécuritaires libyens. Les rivalités entre les deux camps profitent aux organisations jihadistes et à la branche libyenne de l’État islamique (EI)  en particulier. Cette dernière étend son influence dans le pays, cherche à nouer des alliances avec des tribus et lorgne sur le « croissant pétrolier » situé dans l’est du pays. En outre, il est aussi question, du moins les Européens, de pouvoir intervenir sur le littoral libyen afin de mettre un terme au phénomène des migrants.

Une intervention militaire pour réduire l’EI en Libye suscite beaucoup de réserves, surtout dans le contexte actuel. Dans l’idéal, il s’agirait plutôt d’appuyer les forces libyennes contre les jihadistes. Et cela, à la demande d’un gouvernement d’union national installé à Tripoli.

« Si nous devions intervenir contre le terrorisme, nous voudrions le faire à la demande d’un gouvernement libyen, pour le soutenir », a ainsi récemment souligné  Paolo Gentiloni, le ministre italien des Affaires étrangères, dans un entretien accordé au Figaro.

Seulement, plus le temps passe et plus les blocages politiques libyens profitent à l’EI. Et cela est surveillé de près aux États-Unis, où il est beaucoup question de la Libye ces derniers temps.

La semaine passée, le chef d’état-major interarmées américain, le général Joseph Dunford, a affirmé qu’il était « juste de dire que nous sommes à la recherche d’une action militaire décisive contre l’EI en conjonction avec le processus politique en Libye ». Et d’ajouter : « Le président [Obama] a clairement fait savoir que nous avons le pouvoir d’utiliser la force militaire ». En outre, il a insisté sur la nécessité de mettre un « pare-feu » en l’EI et d’autres groupes jihadistes actifs en Afrique tout en veillant à « renforcer la capacité des forces armées et des gouvernement africains pour qu’ils puissent lutter eux-mêmes » contre ces organisations.

Le 28 janvier, lors d »un Conseil de sécurité nationale, le président Obama a évoqué la Libye en affirmant que les États-Unis sont « prêts » à y « traquer les jihadistes de l’EI si nécessaire ».

« Le président a insisté sur le fait que les Etats-Unis vont continuer à s’en prendre aux comploteurs terroristes de l’EI dans quelque pays que ce soit », a, par la suite, fait savoir un communiqué de la Maison Blanche. « Le président a demandé à son équipe de sécurité nationale de poursuivre ses efforts pour renforcer la gouvernance et soutenir les efforts contre le terrorisme en Libye et dans les autres pays où l’EI a cherché à établir sa présence », y est-il précisé.

Les Etats-Unis « développent des options pour ce qu’il est possible de faire dans le futur », mais « n’ont pris aucune décision d’intervenir militairement », avait souligné, plus tôt, Ashton Carter, le secrétaire américain à la Défense, pour qui la priorité est pour le moment d’aider les Libyens « à prendre le contrôle de leur propre pays », via la formation d’un gouvernement d’union nationale.

S’agissant des efforts internationaux pour « aider » les Libyens, M. Carter a indiqué que Washington « n’en a pris la direction », ce rôle revenant à Rome. L’Italie a indiqué « qu’elle prendrait cette direction » et « nous avons dit que nous la soutiendrons », a-t-il expliqué. Et d’insister encore : « Nous ne voulons pas glisser vers une situation comme en Irak ou en Syrie ».

Cela étant, à au moins deux reprises, l’aviation américaine est intervenue en Libye pour effectuer des frappes ciblées. L’une a ainsi visé – et apparemment raté – Mokhtar Belmokhtar, un « émir » du groupe « al-Mourabitoune », qui a rejoint récemment les rangs d’al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) tandis que l’autre a été fatale à Abou Nabil, le chef de la branche libyenne de l’EI.

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