Pour le chef du Pentagone, la Turquie peut et doit faire plus contre Daesh

syrie-20141216En 2015 et encore le 12 janvier dernier, la Turquie a été visée par plusieurs attentats meurtriers qui, si lui ont été attribués, n’ont, à ce jour, pas encore été revendiqués par l’État islamique (EI ou Daesh). Et cela alors que l’organisation jihadiste ne tarde jamais à clamer sa responsabilité dans ce genre d’attaques.

« L’État islamique ne revendique pas car il ne veut pas donner l’impression qu’il menace la Turquie laquelle est son seul lien avec le monde », a expliqué le chroniqueur turc Kadri Gürsel, dont les propos ont été rapportés par Slate. Et pour cause : le territoire turc est stratégiquement important pour Daesh, dans la mesure où il constitue à la fois une porte d’entrée et de sortie, que ce soit pour ses trafics ou le recrutement de ses combattants.

« Si Daesh est battu, son seul point de fuite passe par la Turquie, c’est dire combien ce pays est important pour les jihadistes », estime en effet Kadri Gürsel, qui a toutefois souligner que si les attentats commis sur le sol turc n’ont pas été revendiqués par l’EI, ils n’ont pas été non plus démentis.

Cela étant, au lendemain de l’attentat d’Istanbul, au cours duquel 10 touristes allemands ont perdu la vie, la Turquie a affirmé avoir bombardé « 500 positions jihadistes » en Irak et en Syrie. Ce qui paraît tout de même un peu trop gros…

Reste que la Turquie a longtemps été accusée de faire preuve de complaisance à l’égard de l’EI. Cependant, depuis l’attentat de Suruç, commis en juillet 2015, elle a rejoint la coalition anti-Daesh emmenée par les États-Unis et surtout autorisé cette dernière à utiliser la base aérienne d’Incirlik. Mais cela reste encore insuffisant.

S’exprimant devant les députés et les sénateurs, en décembre, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, avait estimé que la Turquie s’était « montrée, à un moment donné, trop peu agressive dans le contrôle des ressources pouvant alimenter Daech ». Et d’ajouter, prudemment : « Je n’accuse pas le gouvernement turc, mais il est certain que Daech a pu vendre en abondance du pétrole au marché noir ».

Aussi, avait-il continué, les « contrôles se révèlent aujourd’hui plus stricts, mais la Turquie doit mieux surveiller les 200 kilomètres de sa frontière avec la Syrie qui ne sont pas tenus par les Kurdes. De nombreux trafics se déroulent dans cette zone très poreuse, même si la Turquie a opéré une reprise en main depuis qu’elle a été frappée par des attentats. »

Depuis décembre, les efforts d’Ankara, s’il y en a eu, ont été visiblement insuffisants. Et le chef du Pentagone, Asthon Carter, qui était à Paris pour assister à une réunion entre les ministres de la Défense de 7 pays membres de la coalition, en a fait la remarque.

« Je pense que la Turquie peut faire davantage et le plan de campagne dont je discutais avec les autres ministres serait grandement amélioré grâce à un effort plus sérieux de la Turquie », a ainsi affirmé M. Carter, lors d’une allocution prononcée à l’École militaire (Paris).

« Une chose vraiment importante serait un meilleur contrôle de sa frontière » (avec la Syrie), a ajouté le chef du Pentagone, qui a cependant admis la difficulté de la tâche.

« La frontière turque est un endroit où les combattants de l’EI sont capables d’aller et venir, et où la logistique de l’EI peut être assurée (…) Comme je demande à tous au sein de notre coalition d’en faire davantage, comme l’armée américaine en fait davantage, j’aimerais voir la Turquie en faire plus également », a encore insisté M. Carter.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]