Un ex-militaire néerlandais inquiété par la justice pour avoir combattu Daesh avec les Kurdes

Ancien militaire des forces néerlandaises, Jitse Akse, 46 ans, est parti en Syrie il y a quelques mois pour combattre Daesh (État islamique ou EI) aux côtés des milices kurdes syriennes (YPG, Unités de protection du peuple) alors que ces dernières opposaient une résistance héroïque aux jihadistes à Kobané.

Revenu aux Pays-Bas en novembre dernier, Jitse Akse, marqué par son expérience en Bosnie où il a servi dans les rangs du « Dutchbat », le bataillon de casques bleus néerlandais accusé de n’avoir rien fait pour éviter le massacre de Srebrenica, a raconté son périple syrien lors de plusieurs entretiens accordés à la presse. Et c’est ainsi qu’il a admis avoir tué des combattants de Daesh.

Seulement, pour la justice néerlandaise, l’ex-militaire doit maintenant rendre des comptes et répondre de l’accusation de meurtre. Le 13 janvier dernier, il a ainsi été interpellé, dans des conditions apparemment musclées, à Arnhem. Puis il a été remis en liberté conditionnelle après avoir remis son passeport aux autorités.

Bien évidemment, il n’est pas concevable que Jitse Akse puisse être condamné sur la base de propos qu’il a tenus. Mais il tombe sous le coup des articles 101 et 102 du Code pénal néerlandais, lesquels interdisent à un ressortissant des Pays-Bas de participer à une guerre pour le compte d’une puissance étrangère. Il risque donc 15 ans de prison.

En effet, la justice batave établit une claire distinction entre le cas de Jitse Akse et les militaires néerlandais envoyés en Irak par le gouvernement pour entraîner les forces irakiennes et kurdes contre Daesh.

Au final, on se retrouve dans une situation assez ubuesque : un homme est poursuivi pour avoir pris les armes contre une organisation terroriste que son gouvernement combat, les Pays-Bas ayant engagé des F-16 en Irak.

Quoi qu’il en soit, cette affaire provoque un vif émoi dans l’opinion néerlandaise. Une page de soutien créée sur le réseau social Facebook a déjà rassemblé plus de 23.000 personnes tandis que des manifestions et des pétitions ont été organisées. L’assocation des vétérans de l’armée néerlandaise a même lancé une souscription pour payer les frais de justice que devra débourser Jitse Akse.

« Quand vous voyez ce qu’ils font… En tuant un combattant de l’EI, je sauve probablement des dizaines de vies », a fait valoir ce dernier, selon plusieurs quotidiens néerlandais.

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