La prochaine génération d’avions de combat vue par Northrop Grumman

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Quelles seront les caractéristiques de la sixième – et donc prochaine – génération d’avions de combat? Pour répondre à cette question, l’on sait que le Pentagone finance des recherches à ce sujet, afin de trouver un successeur, à l’horizon 2030, aux F-15 de l’US Air Force ainsi qu’aux F/A-18 Super Hornet et Growler de l’US Navy.

Comme l’avait expliqué, en 2015, un responsable du département de la Défense, il s’agit d’avoir un « coup d’avance » et de s’assurer que l’aviation américaine « continuera à dominer le ciel malgré le développement de ce l’on appelle la 5e génération de chasseurs furtifs par la Chine et d’autres. »

La Darpa, l’agence de recherche et de développement du Pentagone, planche sur ce sujet, via son programme « Air Dominance Initiative », qui consiste à identifier les technologies pouvant être utiles à la prochaine génération d’avions de combat. Et cela, en collaboration avec l’US Air Force et l’US Navy. En outre, un tel exercice n’est pas si facile dans la mesure où il faut déterminer les menaces auxquelles il faudra faire face dans les années à venir. Or, s’il y a un domaine qui est imprévisible, c’est bien celui de la guerre.

Par ailleurs, Lockheed-Martin et Boeing ont d’ores et déjà communiqué sur leurs projets en la matière. Et Northrop-Grumman vient d’en faire de même.

Ainsi, en décembre, l’industriel a diffusé des dessins présentant son concept d’avion de 6e génération. Pour commencer, l’appareil imaginé par les ingénieurs de Northrop-Grumman n’aura pas d’empennages et ressemblera à une aile volante, qui est la spécialité de la maison (B-2, drone de combat X-47B). En clair, cela signifie que, sans surprise, la furtivité restera une caractéristique prépondérante et que le futur appareil sera basé sur une technologie bien maîtrisée.

Jusque-là, il n’y a rien de bien renversant… L’une des nouveautés proposés par Northrop-Grumman concerne l’armement. Le constructeur entend intégrer à cet avion de 6e génération une arme laser assez puissante pour engager plusieurs cibles. La Darpa a mené – et mène encore – des travaux dans ce domaine, avec les programmes HELLADS (High Energy Liquid Laser Area Defense System), pour les missions offensives, et ABC (Aero-Adaptive/Aero-Optic Beam Control), pour se protéger des missiles de défense aérienne.

Le problème est que ces armes à énergie dirigée dégagent énormément de chaleur, ce qui, faute de solution, dégradera la furtivité de l’appareil sur lequel elles seront intégrées. A priori, Northrop-Grumman aurait trouvé une parade, laquelle serait différente de celle actuellement étudiée par l’Air Force Research Laboratory, qui développe une sorte d’accumulateur thermique.

On en était resté là jusqu’au 14 janvier. Ce jour-là, Tom Vice, le responsable de la branche aéronautique de Northrop-Grumman, a donné plus de détails lors d’une rencontre avec la presse spécialisée. À cette occasion, il a insisté sur le capacités du futur appareil à contrer les cyber-attaques, étant entendu qu’il intégrera des millions de lignes de code pour pouvoir voler.

« Un problème majeur que le Pentagone doit affronter est la protection des données et des lignes de communications dans un monde où le cyber-piratage des avions sera la norme. Le gouvernement ne peut pas contrecarrer toutes les cyber-attaques. Aussi, il doit être capable de détecter l’intrusion et de prévenir les dommages », a commencé par affirmer Tom Vice, dont les propos ont été rapportés par Defense News.

Faisant l’analogie avec le système immunitaire du corps humain, le responsable de Northrop-Grumman a expliqué que les « globules blancs attaquent les virus d’une manière telle qu’ils les empêchent de nuire à l’organisme ». Aussi, a-t-il continué, les « systèmes en 2030 fonctionneront d’une façon très similaire ».

Visiblement, Northrop Grumman compte mettre beaucoup de moyens pour développer le « software », c’est à dire les logiciels, de cet avion de 6e génération. Et pour cause : ce dernier pourra être mis en oeuvre par un équipage embarqué… ou pas. « Peut-être que l’opérateur ne siégera pas physiquement dans l’avion mais qu’il contrôlera la mission à distance », a dit Tom Vice.

« Gardez-vous l’homme ou la femme dans l’avion ou gardez-vous l’homme ou la femme dans la mission? », a-t-il demandé. Mais il est allé plus loin.

En l’état actuel des choses, il est inconcevable de remplacer le cerveau humain par une machine étant donné qu’il est en mesure d’évaluer une situation et de prendre la décision qui sera la moins mauvaise.

Or, a avancé Tom Vice, « Northrop travaille à concevoir des logiciels qui pourront non seulement apprendre et évoluer  et qui disposeront d’un ensemble de valeurs nécessaires pour prendre des décisions en temps réel ». Et d’ajouter : « Lorsque vous voulez apprendre à des pilotes humains une façon de faire quelque chose différemment, vous ne changez pas leur cerveau. (…) Pourquoi ne pourrait-on pas faire apprendre à la machine? Pourquoi ne pourrait-elle pas évoluer? ».

Quant aux performances de l’appareil, Northrop-Grumman estime que la vitesse et la maniabilité ne seront plus des facteurs déterminants, au contraire de l’autonomie, dans la mesure où « il sera de plus en plus difficile de trouver des bases dans le monde ». Aussi, il devrait être subsonique. Mais rien n’est tranché, a assuré Chris Hernandez, responsable des bureaux d’études de l’industriel.

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