Sahel : Deux ressortissants australiens enlevés par des jihadistes

L’attaque, revendiquée par al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) et menée par al-Mourabitoune, contre le Spendid Hotel et le café-restaurant Cappuccino (29 morts, dont au moins 2 Français) a occulté le rapt, commis le même jour, de deux ressortissants australiens (un médecin et son épouse), installés depuis 1972 à Djibo, ville située dans le nord du Burkina Faso.

Cet enlèvement de ce couple d’octogénaires originaires de Perth a été organisé par « l’Émirat du Sahara », qui serait une branche d’AQMI. Du moins, c’est ce qu’a affirmé, auprès de l’AFP, Hamadou Ag Khallini, un responsable du groupe jihadiste malien Ansar Dine, dirigé Iyad Ag Ghaly.

« Quatre combattants de l’Emirat du Sahara ont entre leurs mains deux Australiens, une femme et un homme. Les deux ‘croisés’ sont vivants et nous allons bientôt donner des détails », a en effet expliqué ce cadre d’Ansar Dine.

Il est probable que l’intention des ravisseurs soit d’emmener les deux ressortissants australiens au Mali, où une citoyenne suisse, Béatrice Stokly, a été enlevée pour la seconde fois à Tombouctou dans la nuit du 7 au 8 janvier. Il s’agit du premier rapt de ce genre, dans le pays, depuis la fin tragique de deux journalistes de RFI, kidnappés à Kidal, en novembre 2013.

Installée depuis 2001 à Tombouctou pour y faire de l’évangélisation au profit d’une église protestante, Béatrice Stokly avait été enlevée une première fois en 2012 par le groupe Ansar Dine. Sa détention aura duré seulement une dizaine de jours, le Burkina Faso ayant négocié sa libération contre, selon des sources sécuritaires, le paiement d’une rançon.

Pour le moment, le rapt de la Suissesse n’a pas été revendiqué. Mais la piste jihadiste paraît la plus probable. « L’enlèvement de la ressortissante suisse a été minutieusement préparé. Nous savons maintenant que, dans un premier temps, ce sont des sous-traitants d’Aqmi qui ont mené l’opération », a ainsi affirmé une source militaire malienne.

Jusqu’à ces derniers jours, AQMI ne comptait plus que deux otages (un Sud-Africain et un Suédois), enlevés à Tombouctou en novembre 2011. Dans un vidéo tournée le 17 décembre, l’organisation jihadiste presse les gouvernements des deux captifs de répondre favorablement à ses revendications.

L’opération Serval, menée par la France au Mali à partir de janvier 2013, avait mis un frein aux enlèvements d’occidentaux par les groupes jihadistes. Pour ces derniers, prendre des otages est un moyen de se financer grâce aux rançons qu’ils réclament (et qu’ils obtiennent). La nationalité des personnes enlevées est un critère primordial dans la mesure où des pays sont prêts à payer – via des intermédiaires – pour obtenir la libération de leurs ressortissants alors que d’autres refusent systématiquement, comme les États-Unis et le Royaume-Uni.

Dans une enquête publiée en juillet 2014, le New York Times avait révélé que le Qatar et Oman avait payé 20,4 millions de dollars de rançons entre 2012 et 2013 pour la libération d’otages finlandais, suisses et australiens, retenus par al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA).

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]