L’aviation russe restera en Syrie pendant une « durée indéterminée »

su34-20151002

Depuis le 30 septembre, l’aviation russe mène des opérations aériennes visant surtout à soutenir le régime de Bachar el-Assad contre les rebelles syriens, depuis la base de Hmeimim, située dans  la province de Lattaquié.

Selon l’État-major des armées, à Paris, ce détachement russe compte entre 4.000 et 6.000 soldats, une quarantaine d’avions de combat (Su-34, Su-24, Su-25 et Su-30), une trentaine d’hélicoptères ainsi que du matériel terrestre, dont des chars, des systèmes de défense aérienne et de l’artillerie sol-sol (*).

Alors que la Russie disposait déjà, en Syrie, de la base navale de Tartous, le déploiement de moyens aériens et terrestres à Hmeimim a dû faire l’objet d’un accord entre Moscou et Damas. Ce dernier, conclu le 26 août 2015, soit un mois avant le lancement des opérations russes, vient d’être rendu public.

Ainsi, ce texte de 7 pages autorise les forces armées russes à déployer en Syrie tous les matériels et les effectifs militaires qu’elles jugent utiles. Et cela, sans limitation de durée. Par conséquent, la présence russe peut théoriquement être permanente.

Cependant, une deuxième lecture de cet accord peut être faite : il permet également, si le Kremlin le décide, de cesser les opérations de l’aviation russe en Syrie à tout moment. Mais, il est peu probable de voir la Russie mettre un terme au soutien qu’elle apporte au régime syrien dans l’état actuel des choses.

Cet appui russe a permis aux forces terrestres loyalistes (*) de reprendre le contrôle, le 12 janvier, de la ville de Salma, qui était alors un bastion rebelle dans la province de Lattaquié. Le Front al-Nosra, branche syrienne d’al-Qaïda, y avait installé son quartier général. Il s’agit de la plus importante victoire des troupes gouvernementales depuis le début de l’engagement militaire de la Russie en Syrie.

Cela étant, le bilan de l’intervention russe, après plus de trois mois, est globalement mitigé car, comme l’a expliqué le général Didier Castres, sous-chef d’état-major « Opérations », le 16 décembre dernier, au Sénat, si les forces syriennes sont passées l’offenvice « partout » et « progressent » depuis le 30 septembre, elles ont des difficultés à « inverser de façon définitive les rapports de forces avec les groupes armés d’opposition », lesquels « montrent une forte résilience et bénéficient de livraisons de matériels et d’armements en provenance d’un certain nombre de pays ».

En outre, l’intervention russe en Syrie est d’abord une « démonstration de puissance », qui vise à démontrer que les forces russes sont capables de mener des opérations complexes à l’extérieur de la Russie.

D’où les tirs de missiles de croisières très médiatisés ainsi qe le recours aux bombardiers stratégiques. Cependant, hormis ses bombardiers tactiques Su-34 et ses avions multi-rôles Su-30, les appareils engagés en Syrie ne sont pas de toute première jeunesse et les munitions consommées ne sont pas toujours guidées, ce qui fait que, souvent, plusieurs raids sont nécessaires pour détruire une même cible. Avec le risque de dommages collatéraux en prime.

Quoi qu’il en soit, a estimé le général Castres, « cette démonstration de puissance constitue probablement un message destiné à l’Otan ». Enfin, la Russie veut jouer un rôle majeur au Proche et au Moyen-Orient, tout en veillant à défendre ses intérêts stratégiques, à commencer par celui de l’accès aux mers chaudes.

(*) La collaboration entre forces aériennes syriennes et russes relève de l’anecdote. La première mission aérienne conjointe n’a été effectuée qu’il y a seulement quelques jours, des MiG-29 syriens ayant « couvert » des Su-25 russes.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]