La Belgique veut se doter d’une capacité de défense antimissile

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En décembre dernier, Bruxelles a validé le plan stratégique pour sa défense, présenté par le ministre Steven Vandeput. Seulement, si les grandes lignes du document avaient été communiquées à cette occasion, il restait encore à en connaître les détails.

Quelques semaines plus tôt, le gouvernement belge s’était dit « surpris » par une remarque de l’ambassadeur américain en poste à Bruxelles au sujet de la faiblesse de ses dépenses militaires, lesquelles ne représentent plus que 0,9% du PIB du pays, pensions comprises, bien loin de l’objectif des 2% du PIB  fixé par l’Otan. En clair, le diplomate n’avait fait que relever une évidence…

Au final, le plan présenté officiellement aux députés ce 13 janvier par M. Vandeput ne permettra pas à la Belgique de consacrer 2% de son PIB à ses forces armées. Au mieux, l’effort en matière de défense sera de 1,3% du PIB (pensions comprises) d’ici 2030.

Cela étant, ce plan prévoit tout de même plus de 9 milliards d’investissements pour l’acquisition de matériels et de capacités nouvelles, aux dépens, cependant, des effectifs, puisque ces derniers, « rajeunis », passeront de 32.000 à seulement 25.000 personnels. De quoi remplir le Palais des Sports d’Anvers, dont la capacité maximale est justement d’environ 25.000 places…

Même réduite, la future armée belge aura plusieurs tâches à remplir, dont la défense et la sécurité collective (mais plus pour des missions de stabilisation que de combat), la protection des ressortissants belges à l’étranger, la sécurité sur le territoire national, comme c’est actuellement le cas avec l’opération « Homeland », et, enfin l’aide humanitaire.

La réduction du format de la Défense belge se traduira par une réorganisation de ses structures et la fermeture d’emprises militaires, au moins un bataillon  de la composante terrestre (qui en compte actuellement 7) devant être dissous afin de pouvoir commander de nouveaux véhicules blindés et des canons de 155 mm.

La composante aérienne sera également touchée puisqu’il est question de fermer une base et de remplacer les 54 avions de combat F-16 par 34 nouveaux appareils (dont 4 en réserve d’attrition), avec une enveloppe de 3,573 milliards d’euros.

À ce sujet, le montant de cette ligne de crédit va relancer les spéculations sur le futur avion de combat belge… Si le F-35 Lightning II de Lockheed-Martin fait figure de favori, pour des raisons d’interopérabilité (et de mutualisations possibles) avec ceux bientôt mis en oeuvre par les forces aériennes néerlandaises, il n’est pas certain que Bruxelles puisse se l’offrir. Pour rappel, les Pays-Bas en ont en effet commandé 37 exemplaires pour 4,5 milliards d’euros…

Enfin, le plan Vandeput prévoit également le renouvellement de 2 frégates et de 6 chasseurs de mines ainsi que l’acquisition d’une batterie de défense antimissile afin de permettre à la Belgique d’entrer dans le club des pays membres de l’Otan disposant déjà d’une telle capacité. Selon le ministre belge, le coût d’achat d’un tel système, qui mobiliserait 170 militaires, serait estimé à 588 millions d’euros.

Le choix belge, s’il est confirmé, se fera entre les trois options actuellement disponibles et compatibles avec l’Otan, à savoir le Patriot PAC-3, le SAMP-T du consortium franco-italien Eurosam (MBDA et Thales) et le système MEADS (Medium Extended Air Defense System), récemment sélectionné par l’Allemagne.

Cependant, ce plan suscite quelques réserves, que ce soit au sein des opposants au gouvernement en place (ce qui est de bonne guerre) ou chez les militaires belges.

« On voit qu’il y a une tendance à transférer les frais de personnel vers les frais de fonctionnement, avec la volonté d’une certaine privatisation de tout ce qui n’est pas ‘core-business’, parce qu’il va falloir financer tous ces achats », a commenté Patrick Descy, secrétaire permanent CGSP Défense, alors qu’il était interrogé par la RTBF.

« Si on décide de garder une défense, il faut évidemment lui donner les moyens d’assumer ses missions. Le problème aujourd’hui, c’est qu’on ne sait pas où on va, et pour quoi faire. Dans ce plan stratégique, il n’y a pas de vision stratégique », a encore estimé ce responsable syndical.

Qui plus est, ce plan est encore purement théorique. Et pour cause : d’ici son entrée en application, des élections législatives auront eu lieu, avec la formation d’un nouveau gouvernement susceptible de le remettre en cause. En attendant, la Défense belge doit encore composer avec les coupes budgétaires, ces dernières étant de 1,5 milliard d’euros sur l’ensemble de l’actuelle législature.

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