Quand des textes réglementaires compliquent la reconversion des sapeurs-pompiers de Paris

La Brigade des sapeurs-pompiers de Paris (BSPP) est une unité qui dépend de l’arme du Génie de l’armée de Terre. Actuellement commandée par le général Philippe Boutinaud, elle compte plus de 8.000 personnels, qui, ont, le plus souvent, signé un contrat d’engagement initial (et renouvelable) de cinq ans.

Au bout de 5, 10 voire 15 ans de service, ces sapeurs-pompiers militaires doivent songer à leur reconversion. La solution la plus logique pour eux serait de se tourner vers les services départementaux d’incendie et de secours (SDIS). Sauf que, ce n’est pas aussi simple.

On ne compte plus, en France, les règlements et autres circulaires que l’on peut estimer inutilement tatillons quand ils ne sont tout simplement stupides. Au point que, en 2013, une mission de « lutte contre l’inflation normative » a été mise en place par le Premier ministre.

En matière de stupidité, les textes réglementaires qui régissent les différents statuts des sapeurs-pompiers font très fort. Lors d’une audition du général Boutinaud par les députés de la commission de la Défense, on apprend ainsi qu’un pompier militaire souhaitant se reconvertir dans un service départemental d’incendie et de secours doit passer un concours de la fonction publique territoriale et, en cas de succès, suivre une formation en repartant de zéro.

« Un pompier militaire qui souhaite se reconvertir dans un SDIS doit réussir le concours de recrutement dans la fonction publique territoriale et attendre qu’une place soit disponible », a en effet expliqué le général Boutinaud, en soulignant le fait que les « différences de statut entre les différentes fonctions publiques constituent aujourd’hui des barrières entre les pompiers militaires et civils ».

« Ce système peut se révéler perdant pour tout le monde; après 17 ans à la BSPP, un caporal-chef placé sous mes ordres a demandé à intégrer un SDIS de la grande couronne parisienne. Il a été réengagé comme première classe et a dû repartir au centre d’instruction : on a donc dépensé de l’argent pour lui apprendre un métier qu’il connaît déjà parfaitement! », a ajouté le général.

« Je m’entends très bien avec le colonel Éric Faure, président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France, mais ni lui ni moi n’avons le pouvoir de changer cette situation sans une révision des textes réglementaires », a regretté le commandant de la BSPP.

Cela étant, dans les années 2000, grâce à des conventions signées par certains départements et la BSPP, il était possible à des volontaires de SDIS de rejoindre les sapeurs-pompiers de Paris pendant 8 ans (soit le temps nécessaire pour rentabiliser leur formation) et de retrouver ensuite leur poste initial avec le grade maximum de caporal-chef. Seulement, cette politique bat aussi de l’aile.

« Nous avons signé 26 conventions, mais, dix ans après, la moitié des départements les ont dénoncées. Aujourd’hui nous avons encore 13 conventions actives qui permettent à un très petit nombre de pompiers de Paris de poursuivre leur carrière dans un SDIS sans passer le concours », a ainsi expliqué le général Boutinaud.

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