Des militaires allemands pour former les forces libyennes en Tunisie?

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Selon l’hebdomadaire allemand Der Spiegel, toujours très a fait des questions de défense, Berlin envisagerait d’envoyer une centaine de militaires en Tunisie afin d’y former les forces armées libyennes.

« Selon des projets internes (au gouvernement), des soldats allemands pourraient aux côtés de collègues italiens dans quelques mois commencer à former les forces armées libyennes », a ainsi avancé Der Spiegel, le 9 janvier.

« Cela pourrait concerner 150 à 200 soldats de la Bundeswehr », a encore précisé l’hebdomadaire. De son côté, le ministère allemand de la Défense n’a pas souhaité faire de commentaire, ce qui laisse à penser qu’une telle option est vraiment envisagée.

La formation des forces armées libyennes se ferait ainsi en Tunisie pour des « raisons de sécurité », l’idée étant de reprendre le modèle qui a été appliqué aux profit des combattants kurdes irakiens. Une telle option ne peut être envisageable que si un gouvernement d’union nationale voit le jour en Libye.

Un accord politique, soutenu par les Nations unies, a été signé à cette fin en décembre par des représentants des deux factions rivales qui se disputent le pouvoir en Libye. La composition de ce futur gouvernement d’union national, dirigé par Fayez el-Serraj, devrait en principe être connue le 17 janvier prochain.

Ce processus est indispensable avant d’envisager des actions visant à combattre la branche libyenne de Daesh (État islamique ou EI), laquelle a revendiqué les deux attaques suicides commises à Zliten et à Ras Lanouf ces derniers jours (plus de 50 tués).

L’EI et d’autres organisations jihadistes profitent des rivalités politiques internes à la Libye pour y étendre leur influence, ce qui, à terme, peut déstabiliser les pays frontaliers, dont l’Algérie, la Tunisie, le Tchad, l’Égypte et le Niger.

Cela étant, l’Union européenne (UE) a promis, le 8 janvier, une aide de 100 millions d’euros au futur gouvernement libyen d’union nationale. En outre, Mme le Haut représentant de l’UE pour les Affaires étrangères et politique de sécurité, Federica Mogherini, a écarté toute idée d’offensive armée contre Daesh menée par les Européens.

« La meilleure réponse au terrorisme, et en particulier à Daesh, et nous sommes d’accord là-dessus, est une réponse libyenne fondée sur l’unité libyenne, qui sera soutenue, de la façon dont les Libyens le souhaiteront, par la communauté internationale et l’Union européenne », a en effet affirmé Mme Mogherini.

Quoi qu’il en soit, la Bundeswehr va être davantage sollicitée dans les mois à venir. Outre l’option d’envoyer des instructeurs en Tunisie, Berlin a décidé de relever le niveau de ses effectifs militaires déployés au Mali et en Irak.

Ainsi, 500 militaires de la Bundeswehr de plus pourront être engagés au sein de la Mission des Nations unies au Mali (MINUSMA), ce qui portera leur effectif théorique à 650 (seulement une petite dizaine y sont actuellement affectés). S’agissant de l’Irak, Berlin compte faire passer le nombre d’instructeurs présents aux côtés des combattants kurdes de 50 à 150. Ces décisions doivent encore être approuvées par le Bundestag, la chambre basse du Parlement allemand.

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