Un bombardier stratégique américain a volé à 70 km de la frontière nord-coréenne

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En 2013, après le troisième essai nucléaire nord-coréen, les États-Unis envoyèrent à plusieurs reprises des bombardiers stratégiques B-2 Spirit et B-52 Stratofortress en Corée du Sud. Il s’agissait alors d’assurer Séoul de la protection du parapluie nucléaire américain en cas de confrontation avec Pyongyang. De leur côté, les autorités nord-coréennes, comme à leur habitude, menacèrent d’une « riposte militaire forte et vigoureuse » que l’on attend toujours.

Près de trois ans plus tard, les mêmes causes ont produit les mêmes effets. Quelques jours après que Pyongyang a annoncé avoir procédé à l’essai souterrain d’une bombe thermonuclaire (ou bombe H) à Punggye-ri, lequel a suscité une vague de réactions indignées au sein de la communauté internationale, un bombardier B-52 Stratofortress de l’US Air Force a brièvement survolé, le 9 janvier, la base sud-coréenne d’Osan, située à environ 70 km de la ligne de démarcation séparant les deux Corées.

Ce B-52 a été escorté par un F-15K Slam Eagle et un F-16 des forces aériennes sud-coréennes. Par la suite, le bombardier a pris la direction de la base aérienne d’Andersen (île de Guam), d’où il avait décollé quelques heures plus tôt.

La Corée du Nord n’a pas encore réagi à ce vol d’un bombardier stratégique à proximité de son territoire. Cela étant, Kim Jong-Un, le chef du régime, a justifié, ce 10 janvier, le dernier essai nucléaire réalisé à Punggye-ri, en le qualifiant de « mesure d’autodéfense pour défendre la paix de manière efficace dans la la péninsule coréenne et pour défendre la sécurité régionale face aux risques de guerre nucléaire provoqués par les impérialistes emmenés par les Etats-Unis ». Et d’ajouter : « Il s’agit du droit légitime d’un Etat souverain, d’une action juste que personne ne peut critiquer ».

À noter que, dans le même temps, la Corée du Nord a diffusé une vidéo montrant un tir d’un missile balistique depuis une plate-forme sous-marine. Un premier test de ce genre avait été annoncé réussi en mai 2015 par Pyongyang. Un second, effectué en novembre de la même année, a semble-t-il échoué.

Selon les médias sud-coréens, la vidéo présentant un troisième tir semble être un montage combinant des images d’un troisième test effectué en décembre à celles du lancement d’un missile de type Scud réalisé en 2014.

Par ailleurs, la nature de l’essai nucléaire réalisé par Pyongyang pose question. En effet, il y a de sérieux doutes sur la capacité de la Corée du Nord à maîtriser, dans un délai relativement court, la technologie nécessaire pour développer une bombe thermonucléaire, qui libère de l’énergie par une réaction de fusion. Les analyses sismiques contredisent d’ailleurs les affirmations nord-coréennes.

« L’analyse initiale qui a été menée n’est pas cohérente avec les affirmations de la Corée du Nord selon lesquelles elle a mené avec succès son premier essai de bombe à hydrogène », a ainsi affirmé Josh Earnest, le porte-parole de la Maison-Blanche. Outre les données sismiques, les États-Unis disposent également d’un avion de type WC-135 Constant Phoenix, capable de recueillir et d’analyser les rejets éventuels de gaz radioactifs.

L’hypothèse la plus probable est que l’engin testé soit une bombe à fission dopée, qui, comme une bombe H, utilise du deutérium et du tritium, qui sont deux isotopes de l’hydrogène.

Quoi qu’il en soit, pour Siegfried Hecker, qui est l’un des plus grands experts du programme nucléaire nord-coréen, en plus d’avoir été responsable du laboratoire nucléaire américain de Los Alamos, la nature de la bombe testée n’est pas le point le plus important.

« Ma plus grande préoccupation n’est pas de savoir s’ils ont ou pas fait un essai de bombe à hydrogène, mais qu’ils aient fait un essai », a ainsi affirmé M. Hecker au Bulletin of Atomic Scientists. « Vu que cet essai a réussi, c’est qu’ils ont atteint une plus grande sophistication dans l’élaboration de cette bombe, c’est ce qui est inquiétant », a-t-il ajouté. Et de souligner : « C’est leur quatrième essai. À chaque essai, ils apprennent beaucoup ».

Toutefois, même s’il n’exclut rien, M. Hecker a également fait part de ces doutes sur la capacité nord-coréenne à développer une bombe thermonucléaire, qui serait toujours « hors de portée » de Pyongyang. Mais selon lui, la vraie priorité de la Corée du Nord serait de « maîtriser la miniaturisation d’une bombe pour pouvoir la monter sur un missile ».

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