Le chef d’état-major de l’armée de l’Air se dit favorable à l’idée d’armer les drones de surveillance

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Dans l’entretien qu’il a accordé à la revue DSI, le chef d’état-major de l’armée de l’Air (CEMAA), le général André Lanata a évoqué le débat portant sur la possibilité d’armer les drones MALE (Moyenne Altitude Longue Endurance) de type MQ-9 Reaper, dont trois exemplaires (soit un système) sont actuellement intensivement utilisés depuis Niamey (Niger) dans la bande sahélo-saharienne (BSS) pour surveiller les mouvements des groupes jihadistes.

Plusieurs pays ont fait le choix d’armer leurs drones MALE, à commencer par les États-Unis. Cette capacité permet à ces derniers d’effectuer des frappes ciblées et d’éliminer ainsi d’importants cadres d’organisations jihadistes. Et cela, en dépit des controverses. Mais c’est aussi le cas d’Israël, du Royaume-Uni et, plus récemment, de l’Italie.

En France, cette idée suscite des réticences pour des raisons morales. En son temps, l’amiral Édouard Guillaud, l’ancien chef d’état-major des armées (CEMA), en avait fait part devant les sénateurs, avant d’affirmer que les opérations conduites en Libye en 2011 l’avait amené à réviser sa position.

En octobre dernier, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, avait affirmé que la question d’armer les drones MALE restait posée. Ce qui laissait supposer que le débat n’était pas définitivement clos.

Cela étant, il y a une contradiction apparente entre le refus d’armer des drones de surveillance comme le MQ-9 Reaper et lancer des travaux pour mettre au point un drone de combat qui, pour le coup, embarquera obligatoirement des munitions…

En tout cas, le général Lanata s’est dit favorable à l’idée d’armer des drones de surveillance. Étant donné qu’une telle option est « disponible techniquement », elle « présente un intérêt d’un point de vue opérationnel » en permettant de « raccourcir considérablement les délais entre la détection d’un objectif par le drone et une frappe ».

Aussi, pour le CEMAA, un drone MALE armé est « donc particulièrement adapté à la fugacité des adversaires que nous combattons aujourd’hui ».

Le fait est. Imaginons que le convoi d’un chef terroriste soit repéré par un MQ-9 Reaper dans le nord du Mali. Le temps qu’un avion de combat basé à N’Djamena vienne « traiter » la cible peut faire perdre une occasion. En deux heures, il peut se passer beaucoup de choses…

S’agissant des aspects éthiques d’une telle option, le général Lanata a dit les comprendre. Mais, a-t-il précisé, « l’emploi de cette capacité se ferait avec les mêmes règles d’engagement que celles utilisés quotidiennement en opérations » (lesquelles sont approuvées par l’autorité politique) et que « l’homme sera toujours présent dans la boucle décisionnelle ».

Quant aux drones de combat, le général Lanata a estimé qu’ils ne remplaceront pas les avions de chasse car ils seront complémentaires dans le cadre d’un « système de combat global ». Et d’expliquer : « Il apparaît (…) qu’une plate-forme, aussi perfectionnée soit-elle, ne peut pas faire face à elles seules à la diversité des menaces actuelles ».

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