Deux attentats font plus de 50 tués en Libye

Il s’agit de l’attentat suicide le plus meurtrier commis en Libye depuis la chute du colonel Kadhafi, en octobre 2011 : le 7 janvier, à Zliten, ville située à 160 km à l’est de la capitale, Tripoli, un homme a fait exploser un camion-citerne contre un centre de formation de la police, qui accueillait alors environ 300 personnes, dont des gardes-côtes.

Selon Ammar Mohamed Ammar, un réprésentant du ministère de la Santé du gouvernement installé à Tripoli (et qui n’est pas reconnu par la communauté internationale), cet attentat suicide a fait entre 50 et 55 tués et au moins un centaine de blessés.

Cette attaque a précisément eu lieu dans le quartier de Soug al-Talata, dans le centre de cette ville contrôlée par les milices Fajr Libya, qui soutiennent le gouvernement de Tripoli.

Quelques heures plus tard, à Ras Lanouf, ville située dans le croissant pétrolier libyen, lequel est la cible d’attaques de la branche libyenne de Daesh (État islamique ou EI), une autre attaque suicide a fait 6 morts (dont un bébé) à hauteur d’un point de contrôle.

Si l’attentat de Zliten n’a pas encore été revendiqué, celui de Ras Lanouf n’a pas tardé à l’être… par l’EI. L’organisation jihadiste a ainsi précisé, dans un communiqué, que l’attaque avait été menée par un « combattant étranger », au moyen d’un véhicule piégé.

Pour rappel, l’EI contrôle déjà la ville de Syrte, à 450 km à l’est de Tripoli, ainsi qu’au moins 200 km du littoral libyen. Comme il l’a fait en Irak et en Syrie, il cherche à mettre la main sur les ressources pétrolières du pays.

En outre, bénéficiant du renfort de combattants venus du Levant, l’organisation jihadiste profite des rivalités entre les deux gouvernements libyens (celui de Tripoli et celui de Tobrouk, reconnu par la communauté internationale) pour accroître ses gains territoriaux.  Dans le même temps, elle cherche à nouer des alliances avec les tribus locales. Un implantation de l’EI en Libye laisse craindre une déstabilisation des pays frontaliers (Égypte, Tchad, Tunisie et Niger).

Cela étant, l’EI n’est pas le seul mouvement jihadiste présent en Libye . En effet, il faut compter, notamment, Ansar al-Charia, implanté en Cyrénaïque, et al-Mourabitoune, qui a des camps d’entraînement dans le sud de la Libye. Ces deux organisations sont restées fidèles à al-Qaïda, ce qui ne manque pas de susciter une concurrence avec la branche libyenne de Daesh.

Quoi qu’il en soit, la priorité de la communauté internationale est d’arriver à la formation d’un gouvernement d’union nationale en Libye. Un accord en ce sens a été signé en décembre par des représentants des deux factions et le Conseil de sécurité des Nations unies a apporté son soutien à ce processus. Mais les choses traînent…

Condamnant l’attentat de Zliten, Martin Kobler, l’émission spécial des Nations unies pour la Libye, a de nouveau appelé « tous les Libyens à s’unir de manière urgente pour combattre le terrorisme ».

Une fois que ce gouvernement sera formé, il pourra ensuite être envisagé une mission militaire internationale visant à former et à soutenir les forces libyennes.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]