Décès d’André Turcat, grande figure de l’aéronautique française

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Il fut le premierà prendre les commandes du Concorde : André Turcat s’est éteint chez lui, le 4 janvier, à l’âge de 94 ans. Mais sa carrière de pilote d’essais ne se confond pas seulement avec les débuts de l’avion commercial supersonique franco-britannique : il était aussi l’un des pionniers de l’aéronautique moderne.

Né le 21 octobre 1921 à Marseille dans une une famille de constructeurs d’automobiles, André Turcat ne se destinait pas initialement à l’aviation. Sorti de l’École Polytechnique en 1942, il choisit de servir dans l’armée de l’Air, presque par hasard. Et il se retrouve en « congé d’armistice ».

Ce n’est qu’en 1947 qu’André Turcat obtiendra son brevet de pilote, avant de partir en Indochine où il effectuera de nombreux vols aux commandes d’un avion de transport Dakota C-47. De retour en France, en 1950, il est affecté au centre d’essais en vol (CEV) de Brétigny-sur-Orge (Essonne), avant de prendre peu après la direction de l’École du personnel navigant d’essais et de réception (Epner).

À l’époque, les bureaux d’études des constructeurs aéronautiques foisonnent d’idées et de concepts. C’est ainsi qu’en 1954, après avoir quitté le CEV pour devenir chef pilote d’essais à la SFECMAS puis à Nord-Aviation, André Turcat va décrocher une série de records.

Il devient ainsi le premier pilote européen à franchir le mur du son en palier aux commandes de l’avion expérimental Gerfaut I. Suivent ensuite une série de records internationaux en vitesse ascensionnelle grâce au Gerfaut II.

En février 1959, avec le Griffon II, un avion aux performances exceptionnelles grâce à sa propulsion mixte par turboréacteur et statoréacteur, il bat le record du monde de vitesse sur 100 km en circuit fermé, à la vitesse de 1.643 km/h. Peu avant, il avait atteint Mach 2,19 avec le même appareil, ce qui valut le « Hamon Trophy », la plus haute récompense aéronautique américaine.

À partir de 1962, André Turcat devient directeur des essais en vol de Sud-Aviation (future Aérospatiale puis EADS), alors que le programme Concorde vient de débuter. En 1969, il sera non seulement le premier à faire décoller cet avion mais aussi le premier à lui faire effectuer un vol supersonique.

Après sa riche carrière de pilote d’essais, André Turcat se lance en  politique en étant adjoint au maire de Toulouse de 1971 à 1977 puis député européen sous l’étiquette RPR. Plus tard, il s’est replongé dans les études : en 1990, il devient docteur ès-lettre en histoire de l’art, puis, en 2003, il obtient une licence de théologie catholique. Des domaines bien éloignés de l’aéronautique…

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