Vers une réduction de la commande polonaise d’hélicoptères Caracal?

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En avril, dans le cadre de la modernisation de ses forces armées et pour remplacer leurs hélicoptères Mi-8, Mi-14 et Mi-17 d’origine soviétique, Varsovie annonçait son intention d’acquérir 50 H225M Caracal d’Airbus Helicopters pour un peu plus de 3 milliards d’euros. Et cela, au dépens du S-70 Black Hawk de Sikorsky et de l’AW-149 de l’italo-britannique AgustaWestland.

Pour remporter ce marché, Airbus Helicopters avait mis sur la table l’ouverture en Pologne d’une ligne d’assemblage des Caracal commandés et dit compter embaucher directement 1.250 personnes d’ici 2020. En outre, quelques semaines plus tôt, l’industriel avait inauguré un centre de recherches à Lodz.

Seulement, le choix du Caracal ne fut pas au goût de tout le monde. En effet, cette décision ne faisait pas les affaires du groupe polonais PZL-Swidnik, filiale d’AgustaWestland, et de PZL Mielec/Sikorky, qui assemble déjà des hélicoptères Black Hawk en Pologne. D’où des craintes sur l’emploi dans les régions où ces deux sociétés ont installé leurs sites de production.

Ainsi, la décision prise par le gouvernement libéral d’Ewa Kopacz, fut vigoureusement critiquée par le parti conservateur « Droit et Justice » (PiS), qui, alors donné favori des élections législatives du 25 octobre dernier, ne fit pas mystère de son intention d’annuler la procédure d’acquisition des 50 Caracal.

Il n’y aurait pas eu de problème si le contrat avait été signé avec les élections, finalement remportées par le PiS. Or, les négociations n’ayant pas pu aller plus vite que la musique, le choix du Caracal était donc menacé d’être remis en cause.

Début décembre, le nouveau secrétaire d’État à la Défense, Tomasz Szatkowski, a ainsi estimé, au sujet des hélicoptères Caracal, que la Pologne devait donner la priorité à sa propre industrie.

Une semaine plus tôt, le ministre polonais de la Défense, Antoni Macierewicz, avait évoqué, devant une commission parlementaire, une possible « relance de l’appel d’offres si les résultats des négocations d’offset (investissements compensatoires) rendent impossible la signature du contrat ».

Est-ce pour mettre la pression sur Airbus Helicopters, pour qui le marché polonais est stratégique? Toujours est-il que M. Macierewicz a tenu des propos curieux lors d’un entretien accordé il y a quelques jours au site pro-gouvernemental Wpolityce.pl.

« Il n’est pas de la plus haute importance d’acheter plusieurs dizaines d’hélicoptère d’un même modèle. Il est vrai qu’il y a des besoins urgents qui doivent être comblés dès que possible mais nous parlons de 8, peut-être de 10 hélicoptères. Mais cela ne nous coûtera pas 13 milliards de zlotys », a-t-il affirmé au sujet des Caracal.

Bien évidemment, on imagine mal Airbus Helicopters consentir des investissements importants pour installer une ligne d’assemblage pour aussi peu d’appareils… Le ministre polonais voudrait le forcer à lâcher la partie qu’il ne s’y prendrait pas autrement.

Par ailleurs, le marché des hélicoptères n’est pas le seul à être remis en cause par le nouveau gouvernement polonais : celui concernant la défense anti-missile, attribué à Raytheon, en avril, aux dépens d’Eurosam, qui proposait le SAMP/T « Mamba », l’est également.

Fin novembre, M. Macierewicz a affirmé que les négociations portant sur l’achat de batteries Patriot n’étaient pas satisfaisantes. « Le prix est beaucoup plus élevé, les délais de livraison sont plus importants… On peut dire que ce contrat n’existe presque pas », avait-il dit.

Outre le coût et les délais de livraison, l’ampleur de la coopération américaine avec l’industrie polonaise ne serait pas non plus suffisante aux yeux du ministre.

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