Toujours moins d’officiers mais plus de militaires du rangs dans les forces armées en 2016

Si, au lendemain des attentats commis à Paris en janvier, il a été décidé d’annuler les suppressions de postes au sein des armées pourtant prévues en 2015 et même d’augmenter leurs effectifs à partir de l’année suivante (+2.300). Puis, après les attaques du 13 novembre, le président Hollande a annoncé la suspension des déflations de postes jusqu’en 2019, soit jusqu’à la fin de la Loi de programmation militaire (LPM) en cours.

Pour autant, cela ne signifie pas que la situation est gelée, c’est à dire que s’il y aura des créations de postes, d’autres seront dans le même temps supprimés. Pour rappel, l’objectif est de porter les effectifs de la Force opérationnelle terrestre de 66.000 à 77.000 soldats et de renforcer la fonction « protection ». Et cela, sans dépasser les plafonds des effectifs militaires autorisés.

Justement, ces derniers viennent d’être fixés pour l’année 2016. Et l’on s’aperçoit que, si les déflations sont annulées, l’objectif de dépyramidage, c’est à dire de réduction de l’encadrement, n’a pas été abandonné, même s’il a été atténué.

Cette notion de taux d’encadrement (pour résumer, le nombre d’officiers) n’est pas forcément la plus pertinente… Du moins est-ce l’avis, par exemple, de l’amiral Bernard Rogel, le chef d’état-major de la Marine nationale (CEMM), pour qui elle « ne veut plus dire grand chose » en raison de « la diminution de la base non qualifiée » des équipages, due au fait que les navires modernes demandent davantage de qualifications qu’auparavant.

« La structure pyramidale héritée du passé laisse place à une autre, qui ressemble à un sapin dans laquelle la base non qualifiée est très faible et la base qualifiée plus importante. La marine génère ses compétences de haut niveau par la progression professionnelle. Le rétrécissement de la base entraîne un rétrécissement des viviers des marins appelés à progresser. (…) Le sapin est par ailleurs nettement plus étroit que la pyramide. Toute réduction non réfléchie, toute tentative de dépyramidage de principe, met donc en danger sa structure même », avait expliqué le CEMM aux sénateurs.

L’armée de l’Air et l’armée de Terre ont des problèmes de même nature, mais pour des raisons différentes cependant.

Quoi qu’il en soit, selon les arrêtés fixant les plafonds des effectifs militaires pour le ministère de la Défense et publiés en deux fois par le Journal Officiel (les 28 et 29 décembre), le nombre d’officiers va, comme les années passées, de nouveau baisser en 2016, à raison de 129 postes supprimés. Voire même de 132 puisque les officiers généraux perdront 3 postes (à ce sujet, les forces armées compteront 352 généraux, dont 152 de division et 200 de brigade, ou équivalent)

Cette déflation repose essentiellement sur les lieutenants (et grades assimilés), qui ne seront plus que 3819 en 2016 (le plafond pour l’année 2015 avait été fixé à 4283). Les colonels et les lieutenants-colonels seront également moins nombreux puisque l’on en comptera respectivement 1785 (-17) et 5058 (-96) l’an prochain.

En revanche, il y aura 203 sous-lieutenants (1067 contre 864), 100 capitaines (10.540 contre 10.440) et 145 commandants (4.499 contre 4.354) en plus par rapport aux plafonds fixés l’an passé.

S’agissant des sous-officiers, leur nombre augmentera de 420 personnels. Mais cela masque quelques disparités. Les majors (-13) et les sergents-chefs (-444, dont -365 pour ceux relevant de l’échelle de solde n°3) seront les plus concernés par les déflations. Idem pour les adjudants de l’échelle n°3, dont le nombre passera de 81 à seulement 32 et que pour les sergents de l’échelle n°4 (-5).

Mais tous les autres grades de sous-officiers sont au vert :  l’on comptera 109 adjudants-chefs, 93 adjudants et 675 sergents supplémentaires en 2016.

Enfin, la plus forte augmentation de personnels concerne bien évidemment les militaires du rang : leur nombre progressera de +3073 l’an prochain, pour s’établir à 82.278. La catégorie de ceux relevant de l’échelle de solde n°2 sera la principale bénéficiaire (recrutement oblige).

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