Les finances de DCNS vont mieux, malgré le non-remboursement de ses frais liés aux BPC russes
A priori, cette année sera meilleure que la précédente pour DCNS. Invité à s’exprimer devant l’Association des journalistes de la Défense (AJD), son Pdg, Hervé Guillou a en effet indiqué que les « signaux opérationels de 2015 montrent que la société est en ordre de marche ».
« En termes de chiffres d’affaires, on sera sur notre trajectoire, un peu au-dessus de trois milliards d’euros », a encore précisé M. Guillou, dont l’intervention a fait l’objet d’un compte-rendu de l’AFP.
Pour rappel, en 2014, et malgré un chiffre d’affaire de 3,06 milliards d’euros, DCNS avait subi une perte nette de 336 millions – une première depuis 2003 -, en raison de difficultés dans ses activités de diversification dans l’énergie et sur certains programmes navals, dont celui du sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) Barracuda.
Les bons résultats du constructeur naval s’expliquent par plusieurs contrats obtenus à l’exportation (en particulier en Égypte) ainsi que par sa politique de rationalisation des coûts.
Toutefois, les projections financières évoquées par M. Guillou ne prennent pas en compte le remboursement des frais liés aux deux Bâtiments de projection de commandement (BPC) de type Mistral, qui, initialement destinés à la Russie, prendront la direction de l’Égypte d’ici l’été 2016.
Contrairement à ce qu’a laissé entendre le gouvernement, la non-livraison de ces deux navires à la marine russe aura un coût, même si, dans le cadre d’un accord obtenu en août, Moscou n’a exigé que le remboursement des sommes déjà versées. Ainsi, un rapport du Sénat publié en septembre et ayant fait consensus autant à droite qu’à gauche, estimait que la perte totale, pour l’État, serait de l’ordre de 200 à 250 millions d’euros.
« Le président de la République a dit que ce serait une opération qui ne coûterait pas d’argent à l’industrie. Ce n’est pas encore le cas », a affirmé M. Guillou, précisant que le montant réclamé par DCNS est à « trois chiffres en millions ».
« Nous avons encore des discussions en cours avec le ministère des Finances pour nous faire rembourser jusqu’au dernier euro ce qu’ils nous doivent (…) On continue à faire valoir nos droits, mais le sujet n’est pas réglé », a expliqué le Pdg de DCNS.
Par ailleurs, le constructeur naval français a plusieurs fers au feu, à commencer par son internationalisation, qui représente 35% de son chiffre d’affaires actuellement. L’objectif étant de porter progressivement cette par à 40 puis à 50%. Actullement implanté dans 3 pays (Inde, Malaisie et Brésil), DCNS compte s’installer en Égypte, en Arabie Saoudite, voire en Australie. Une nécessité, pour M. Guillou, pour contrer la concurrence chinoise, coréenne ou russe et faire ainsi faire face à des « des offres de plus en plus globales et agressives ».
S’agissant de l’Australie, DCNS a en ligne de mire l’appel d’offres lancé par Canberra pour doter la Royal Australian Navy (RAN) de 12 sous-marins océaniques à propulsion classique. Mais le groupe français devra batailler ferme, notamment face ThyssenKrupp Marine Systems (TKMS).
Enfin, le bureau d’étude de DCNS doit travailler au développement de la Frégate de taille intermédiaire (FTI) pour les besoins de la Marine nationale. Mais pas seulement : ce type de navire, plus petit et meilleur marché qu’une FREMM (frégate multimissions) serait « adapté au coeur de cible de l’export avec plus de 40 prospects possibles ».