La refonte de l’École Polytechnique est sur les rails

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En juin, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, avait repris à son compte de nombreuses recommandations émises dans un rapport rédigé par Bernard Attali, qui s’était intéressé à l’avenir de l’École polytechnique (X).

Six mois plus tard, M. Le Drian, accompagné par ses collègues Emmanuel Macron (Économie) et Thierry Mandon (secrétaire d’État chargé de l’enseignement supérieur), a annoncé les mesures retenues pour réformer le fonctionnement de l’École polytechnique, à l’occasion de la tenue de son conseil d’administration.

Pour le ministre, l’objectif de cette réforme est « très clair » : il s’agit « d’attirer les meilleurs élèves scientifiques français, et de leur offrir une formation reconnue internationalement pour son excellence, au bénéfice de la nation », parce que, comme il l’a expliqué en introduisant son propos, « en temps de guerre, la force pure n’est rien sans le savoir, la science et la technologie ».

« L’Histoire est là pour nous l’enseigner : toujours, ce fut l’un des champs de bataille essentiels, là où tout se joue. Aujourd’hui, la
France doit à nouveau se défendre contre des attaques ultiformes. Elle n’y parviendra qu’en maîtrisant l’ensemble des technologies qui fondent au XXIe siècle la souveraineté d’un pays (cybersécurité, big data, nanotechnologies…) », a-t-il expliqué.

Et d’ajouter : « La France restera puissante à la condition de former des élites intellectuelles, scientifiques, techniques, qui seront demain ses meilleurs remparts contre ceux qui voudraient attaquer ses valeurs, son modèle, son existence même. Oui, la République a besoin de savants! »

S’agissant des mesures retenues, la première entre toutes est le renforcement du lien entre l’École Polytechnique et le ministère de la Défense… Un lien dont on craignait qu’il fût menacé.

Ainsi, la Direction générale de l’armement (DGA) va accroître de 50% ses investissements de recherches ainsi que les subventions accordées à l’X. Un pôle d’études sur la guerre sera créé en « lien étroit avec l’IHEDN » au sein du département « Humanité et Sciences sociales » et les meilleurs élèves des écoles d’officiers auront l’opportunité de suivre une partie du cursus de l’École Polytechnique.

Pour remédier au départ vers le secteur privé de nombreux diplômés de l’X (qui perçoivent une solde pendant leur scolarité), un « lien étroit » avec la haute fonction publique sera maintenu, en modifiant le mode de recrutement des ingénieur de l’État dès la prochaine promotion. Les projets professionnels des candidats seront évalués par une note dotée d’un coefficient important. Si elle est insuffisante, elle pourra être éliminatoire pour l’inscription au tableau de classement de sortie, si ce dernier n’est pas supprimé.

Différentes groupes de travails seront « constitués pour traiter la question de l’essaimage des ingénieurs de l’Etat dans les fonctions publiques territoriale, hospitalière, européenne, ainsi que des aller-retour public-privé », a annoncé M. Le Drian.

En outre, les formations seront « diversifiées », avec la poursuite du développement des compétences non techniques (soft skills) afin de renforcer le cycle « ingénieur ». Cette « diversification » concernera aussi les « offres », avec la création d’un cycle « bachelor », « accessible aux publics français et internationaux, hautement sélectif » et « sanctionné par un diplôme valant grade de licence », ainsi que d’une « formation conférant le grade de master (…) professionnalisante, en anglais. »

Autre mesure : le recrutement des « meilleurs enseignants-chercheurs au plan international ». Là, la partie s’annonce difficile car il faudra les convaincre de venir enseigner à l’X… Mais M. Le Drian a promis la mobilisation du ministère de la Défense, qui mettre des « moyens nécessaires au recrutement », dans les cinq ans, de « plusieurs enseignants-chercheurs au meilleur niveau mondial ».

Le mérite, valeur républicaine s’il en est, n’a pas été oublié. Le ministre a annoncé la création d’un « internat d’excellence, dédié à l’accueil de 60 élèves boursiers de classes préparatoires ». Et, d’ici 2022, les recrutements universitaires dans le cycle ingénieur polytechnicien sera porté à 50 places.

S’agissant des élèves étrangers – il est prévu d’en accueillir d’ici la rentrée 2018 -, leurs droits de scolarité seront revus à la hausse. « Un élève étranger paye en théorie 25 000 euros pour suivre trois années de formation à l’X.  En comparaison, il devrait débourser plus du triple s’il allait à Cambridge pour une durée similaire. Ces sommes correspondent d’ailleurs au coût de revient de ces formations d’excellence : nous devrons donc les appliquer à votre école pour les étudiants extra-communautaires », a justifié M. Le Drian.

Toutes ces orientations seront détaillées dans un plan qui sera établi d’ici mars 2016. Au total, le ministère de la Défense va s’engager « hauteur de 60 millions d’euros dans les cinq années à venir pour accompagner spécifiquement l’ensemble de ces initiatives nouvelles. »

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