Implication de plus en plus importante des milices soutenues par l’Iran en Syrie et en Irak

Officiellement, l’Iran ne compte pas de combattants « réguliers » en Syrie mais seulement des conseillers militaires, issus des rangs des « Gardiens de la Révolution » (Pasdarans), et plus précisément de l’unité al-Qods.

Mais, la réalité est un peu plus compliquée, comme souvent. Ainsi, en novembre, il a été rapporté que le général iranien Qassem Souleimani, le chef de cette unité al-Qods, chargée des opérations extérieures des Gardiens de la Révolution, avait été blessé lors d’une offensive menée au sud-ouest d’Alep.

Des informations contradictoires ont d’ailleurs circulé au sujet de l’état de santé du général Souleimani. Certaines ont affirmé qu’il n’avait été que « légèrement blessé » tandis que d’autres ont prétendu qu’il souffrait de graves blessures… En tout cas, sa présence en Syrie ne fait aucun doute. Pour y faire quoi? Très probablement pour superviser les « conseillers militaires » et autres forces paramilitaires chiites.

Ainsi, selon un décompte établi à partir des médias iraniens, l’AFP estimé à environ une trentaine le nombre de « volontaires » chiites venus d’Iran, d’Afghanistan et même du Pakistan tués depuis la fin novembre en Syrie. Ce bilan ne tient pas compte des miliciens libanais (Hezbollah) et irakiens.

Depuis le début du mois d’octobre, environ 80 « volontaires » iraniens, afghans et pakistanais ont perdu la vie en combattant aux côtés des forces syriennes. Un ancien champion de judo de nationalité iranienne, Mostapha Sheikholislami, en fait d’ailleurs partie.

Les « volontaires » pakistanais et afghans ont respectivement été rassemblés au sein des brigades « Zeynabiyoun » et « Fatemiyoun ». Ces unités ont été appelées ainsi en hommage à Fatima (fille de Mahomet, enterrée à Qom, en Iran) et à sa fille, Zeynab, inhumée près de Damas, en Syrie. Ces deux personnalités sont particulièrement vénérées par les chiites.

Il y a deux mois, le nombre de ces « volontaires » chiites impliqués dans les combats à Alep était estimé à environ 2.000. Mais ils seraient de plus en plus nombreux… D’où la hausse de leurs pertes constatées depuis plusieurs semaines.

« Aujourd’hui, nous combattons à des milliers de kilomètres pour notre défense », a déclaré, le 9 décembre, le général Mohammad Ali Jafari, le chef des Pasdarans, rapporte le site Sepahnews. « L’avenir de l’islam et du monde sera déterminé par la guerre dans cette partie de l’Asie occidentale », a-t-il ajouté, lors d’un discours prononcé devant des familles de volontaires tués en Syrie, réunies dans la province du Khouzistan.

Par ailleurs, en Irak, les milices chiites jouent aussi un rôle important, même si elles sont pour le moment tenues à l’écart des opérations en cours dans le secteur de Ramadi.

Ainsi, depuis une semaine, Bagdad demande à Ankara de retirer ses troupes déployées près de Mossoul, précisément dans le camp de Bachiqa, où les forces turques mènent une mission de formation au bénéfice du gouvernement régional du Kurdistan irakien.

Cette affaire commence prend des proportions inquiétantes, le gouvernement irakien cherchant un arbitrage du Conseil de sécurité des Nations unies pendant qu’Ankara affiche son intransigeance. Pour le Premier ministre turc, ce déploiement de troupes se justifient par la nécessité de protéger le camp de Bachiqa.

« Il (ce camp) est situé dans une région très proche de la zone contrôlée par Daesh », a fait valoir le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Cavusoglu. « Particulièrement depuis que nous avons engagé le combat contre Daesh, la menace contre la Turquie et nos forces sur le terrain s’est accrue. C’est le devoir de la République de Turquie d’assurer la sécurité de nos troupes », a-t-il ajouté.

Mais la plus haute autorité chiite irakienne, l’ayatollah Ali Sistani, a vigoureusement condamné le déploiement turc. « Aucun pays ne doit envoyer ses soldats sur le territoire d’un autre État sous prétexte de l’aider à lutter contre le terrorisme sans la conclusion d’un accord (…) entre les gouvernements des deux pays », a-t-il affirmé, lors de la prière du vendredi.

Deux jours plus tôt, des milices chiites irakiennes, soutenues par Téhéran, avaient menacé de recourir à la force contre la Turquie si les forces turques n’étaient pas retirées du camp de Bachiqa sous 48 heures.

« Nous avons le droit de répondre et nous n’excluons aucun type de réponse jusqu’à ce que les Turcs aient appris leur leçon », a déclaré Karim al-Nuri, porte-parole de la brigade Badr. « Est-ce qu’ils ont le rêve de restaurer la grandeur ottomane? C’est une grande illusion et ils vont le payer très cher », a-t-il ajouté.

En réalité, ces milices chiites n’ont pas vraiment les moyens de mettre leurs menaces à exécution étant donné que le camp de Bachiqa est en zone kurde. Mais c’est un moyen de mettre la pression sur Haider al-Habadi, le Premier ministre irakien.

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