Selon une étude, Daesh connaît quelques difficultés financières

Lors d’un récent discours ayant pour thème « Qui est l’ennemi? », prononcé à l’ouverture des Assises nationales 2015 de la Récherche stratégique, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a qualifié Daesh (État islamique ou EI) de « proto-État », dans la mesure où il tente d’exercer des pouvoirs régaliens dans les territoires qu’il a conquis en Irak et en Syrie et sur lesquels il a proclamé un « califat ».

Daesh « dispose de capacités militaires et financières que de nombreux États n’ont pas, qui tente d’exercer des pouvoirs régaliens traditionnels (notamment celui, hautement symbolique, de frapper monnaie) ainsi que certaines attributions de l’Etat-providence (en matière d’éducation d’action sociale en particulier) », a ainsi expliqué M. Le Drian.

Mais, a-t-il ajouté, Daesh « se distingue fondamentalement d’un État au sens juridique par le fait que l’articulation entre une population, un territoire et un Gouvernement n’est pas clairement établie, et qu’il n’est pas reconnu par la communauté internationale. »

Reste que l’EI dispose de moyens qu’aucune organisation jihadiste – et plus généralement, terroriste – n’avait pu rassembler avant lui. En pillant les coffres des banques situées dans les territoires qu’il contrôle, il s’est ainsi doté de ressources financières relativement importantes. Ressources complétées par d’autres moyens, dont IHS Janes a donné le détail dans une étude publiée ce 7 décembre.

Ainsi, ce centre d’étude basé à Londres estime à environ 75 millions d’euros par mois les revenus de Daesh. Un peu moins de la moitié de ces revenus vient de la production et de contrebande d’hydrocarbures, le reste étant en partie constitué de taxes diverses.

Plus précisément, selon IHS Janes, Daesh peut compter sur 6 sources de revenus principales. Outre la contrebande de produits pétroliers et les taxes, en particulier sur les activités commerciales, il y a la confiscation des terres et des propriétés, les trafics de drogue et d’antiquités, les activités criminelles « classiques » (braquage, enlèvement contre rançon) et l’exploitation d’entreprises publiques.

« L’EI contrôle un appareil étatique (en Syrie et en Irak) et taxe la population, confisque des propriétés, crée de la richesse avec des entreprises publiques, ainsi qu’avec le pétrole et le gaz. Les autres groupes terroristes n’ont pas ça », a expliqué, rapporte l’AFP, Columb Strack, un analyste d’IHS. À la différence d’une organisation comme al-Qaïda, Daesh n’a pas vraiment besoin de dons venus de riches particuliers de certaines monarchies du Golfe.

Seulement, parce qu’il se veut un État, les ressources de Daesh ne sont pas exclusivement dépensées en armes. Et d’après IHS Janes, les choses commencent sérieusement à ce compliquer pour l’organisation jihadiste, qui a été contrainte de baisser les soldes de ses combattants et de revoir à la hausse le prix de l’électricité. Aussi, elle serait à la recherche de financements « alternatifs ».

Qui plus est, la stratégie de la coalition internationale emmenée par les États-Unis, qui a lancé, en octobre, l’opération Tidal Wave 2 contre les échanges pétroliers de Daesh (ciblés également par l’aviation russe) porte ses fruits.

« Les efforts faits pour cibler les sources de revenus de l’EI sont en train de payer, notamment en réduisant sa capacité à raffiner et transporter ces matières premières. De plus, les accès vers la Turquie se sont réduits, ce qui oblige l’EI à se replier sur les marchés syrien et irakien pour vendre son pétrole », a fait valoir Columb Strack.

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