Bagdad exige le retrait immédiat des troupes turques déployées au Kurdistan irakien

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Dire que l’Orient est « compliqué » n’est pas une vue de l’esprit. Résumons : la Turquie bombarde les combattants séparatistes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Ces derniers ont établi des bases dans le Kurdistan irakien et sont proches des milices kurdes syriennes (YPG), lesquelles se battent contre l’État islamiste. Tout comme les Kurdes irakiens, qui n’entretiennent pas toujours les meilleurs rapports avec leurs homologues turcs et syriens mais qui ont renforcé les YPG lors de la défense de Kobané, en 2014. Vous suivez?

En août 2015, et c’est passé relativement inaperçu, les autorités du Kurdistan irakien ont demandé aux combattants du PKK d’abandonner les positions qu’ils occupaient  dans le nord de l’Irak, alors qu’elles étaient régulièrement bombardées par l’aviation turque depuis quelques jours.

« Le PKK doit éloigner son champ de bataille de la région du Kurdistan irakien pour que les civils ne deviennent pas des victimes de cette guerre », avait fait savoir, à l’époque, le bureau du président de la région kurde irakienne, Massoud Barzani.

Et pour cause : Ankara entretient de bonnes relations avec le gouvernement régional du Kurdistan irakien. En 2010, l’ancien Premier ministre irakien, Nouri al-Maliki, s’en était d’autant plus ému que les gisements pétroliers de la région faisaient alors l’objet d’un vif contentieux au sujet de la répartition des revenus qu’ils permettaient d’obtenir.

En décembre 2014, le Premier ministre turc, Ahmet Davutoglu, avait rappelé que les forces armées de son pays entraînaient des peshmergas engagés contre Daesh dans le nord de l’Irak. Et il s’était même dit prêt à aller plus loin.

« Nous sommes ouverts à toutes les idées » pour accroître notre soutien Bagdad, avait-il dit. « L’aide de la Turquie à la formation des peshmerga kurdes pourrait en outre être étendue à la garde nationale irakienne », avait-il en effet ajouté.

Le 4 décembre, un contingent turc, fort de 150 soldats et de 20 à 25 chars, est arrivé dans les environs de Mossou, la deuxième ville d’Irak actuellement occupée par Daesh. Selon l’agence Anatolie, ce déploiement a été réalisé dans le cadre d’une mission d’entraînement au profit des troupes kurdes irakiennes. Il s’agirait, en réalité, que d’une rotation des effectifs déjà en place.

Seulement, Bagdad ne l’entend pas de cette oreille. En effet, le Premier ministre irakien, Haider al-Abadi, a demandé à Ankara de retirer « immédiatement » ses troupes, estimant que leur déploiement constitue une « sérieuse violation de la souveraineté irakienne ».

« Nous avons la confirmation que la Turquie a envoyé en territoire irakien des troupes estimées à près d’un régiment blindé, accompagnées de chars et d’artillerie prétendument pour entraîner des groupes armés, et cela sans la demande ou l’aval des autorités fédérales irakiennes », a fait valoir le communiqué officiel irakien.

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