Attaques à Paris : « C’est un acte de guerre contre les valeurs de que nous défendons », selon M. Hollande
Les services de sécurité français redoutaient une action terroriste inspirée du mode opératoire utilisé lors des attentats de Bombay, en novembre 2008, caractérisé par des attaques simultanées au moyen de fusils d’assaut et de grenade, de prises d’otages et de kamikazes.
Ce mode opératoire se déroule en 3 phases. La première consiste à causer le maximum de pertes avant l’intervention de la police. La seconde prévoit de se laisser volontairement assiéger, éventuellement avec des otages, pour en arriver à la dernière, c’est à dire à l’affrontement avec les forces de sécurité.
Et c’est ce qui est arrivé à Paris, le 13 novembre au soir. Ainsi, dans les environs immédiats du Stade de France, à Saint-Denis, une première explosion a été entendue à 21H20, suivie par deux autres, alors que venait de débuter le match de football opposant l’équipe de France à celle de l’Allemagne.
Le président Hollande, qui assistait à la rencontre, a été exfiltré vers le ministère de l’Intérieur. Pour ne pas créer un mouvement de panique, les 80.000 personnes qui avaient pris place dans les tribunes ne sont pas immédiatement informées des événements.
Les explosions entendues ont été causées par trois individus portant des ceintures d’explosifs. Au moins une personne y a laissé la vie. Il s’agit alors des premiers attentats suicides commis en France.
Dans le même temps, des fusillades ont éclaté dans plusieurs rues des Xe et XIe arrondissement de Paris. Plus tard, on comptera 18 tués dans la rue de Charonne, au moins 12 dans la rue Alibert, et 5 dans la rue de la Fontaine au roi. Sur le boulevard Voltaire, un autre kamikaze a mis à feu les explosifs qu’il portait sur lui, sans faire de victimes apparemment.
Mais c’est au Bataclan, une célèbre salle de spectacle qui affichait complet pour un concert du groupe de garage rock californien Eagles of the Death Metal, que le bilan est, de loin, le plus lourd. Trois hommes armés, à visage découvert, ont fait irruption dans l’enceinte en criant « Allah akhbar! » et en ouvrant le feu sur le public avec leurs armes automatiques. Selon les témoignages, ils ont méthodiquement tué les personnes sur leur passage.
Vers minuit, le président Hollande, lors d’une brève allocution radio-télévisée, a annoncé l’instauration de l’état d’urgence sur l’ensemble du territoire et « le rétablissement immédiat des contrôles aux frontières ». Le « Plan Blanc » est déclenché par les hôpitaux de Paris afin de mieux prendre en compte les blessés.
Peu avant, le président Obama a été le premier dirigeant à réagir. Les attaques de Paris « frappent toute l’humanité et nos valeurs universelles », a-t-il affirmé, avant de lancer, en français, la devise « liberté, égalité, fraternité ». Et d’assurer la France, plus « vieil allié des États-Unis », du soutien américain.
Aux environs de 00H30, le RAID, l’unité d’élite de la Police nationale, a donné l’assaut contre les terroristes retranchés au Bataclan avec des otages. Assaut qui s’est terminé vers 1 heure, avec la mort des 3 hommes armés, dont 2 se sont donnés la mort en actionnant leur ceinture d’explosifs.
Sur place, le président Hollande a déclaré que « nous allons mener le combat » et il « sera impitoyable ». Et d’ajouter : « Les terroristes capables de telles atrocités doivent savoir qu’ils auront face à eux une France déterminée et unie ».
Ces attaques ont mobilisé d’importants effectifs policiers et militaires, dont 2.200 personnels du 36 quai des Orfèvres, 950 agents de police, 3 escadrons de gendarmerie mobile, 3 compagnies de CRS et 1.500 soldats. Et c’est sans compter sur la mobilisation des services de secours et d’urgence (sapeurs-pompiers de Paris, SAMU, etc…).
Quant au bilan – encore provisoire – de ces attentats, il est très lourd : l’on compte au moins 128 tués et 180 blessés, dont 99 sont dans un état critique. En outre, on ignore si tous les terroristes ont été neutralisés, sachant que 7 ont été tués.
À l’issue d’un conseil de Défense, tenu ce 14 novembre à l’Élysée, le président Hollande a annoncé un deuil de 3 jours.
« Ce qui s’est produit hier à Paris et à Saint Denis près du stade France est un acte de guerre. Et face à la guerre le pays doit prendre les décisions appropriées. C’est un acte de guerre commis par une armée jihadiste contre les valeurs que nous défendons et ce que nous sommes : un pays libre. C’est un acte de guerre préparé. Planifié de l’extérieur avec une complicité intérieur que l’enquête établira », a affirmé le chef de l’État. « Un acte d’une barbarie absolue », a-t-il insisté.
« Des militaires patrouilleront en plein Paris tout au long de ces prochains jours. La France, parce qu’elle a été agressée lâchement, sera impitoyable. Elle agira avec tous les moyens, dans le cadre du droit, et sur tous les terrains, intérieurs comme extérieurs, avec nos alliés qui sont eux-mêmes visés par cette menace terroriste », a encore déclaré le président Hollande.
Reste à savoir quelle est l’organisation qui est à l’origine de ces attaques. L’État islamique (EI ou Daesh) est le suspect numéro un. Viennent ensuite des mouvements liés à al-Qaïda, comme al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA), qui a revendiqué le massacre de la rédaction de Charlie Hebdo, en janvier, ou encore al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), chassé du Nord-Mali, avec d’autres groupes jihadistes, par les forces françaises en 2013.